Dimanche, on tourne... les pages (46)

Publié le par Monique MERABET

Dimanche, on tourne... les pages (46)

PAGE D’ÉCRITURE

 

 

 

Le lézard vert est revenu. Il reste collé [prudemment] au plafond, loin des chats.

Je viens de gommer l’adverbe. Inutile. Ah ! Les animateurs du stage seraient fiers de moi. Depuis quelques jours, j’ai diminué aussi la fréquence des points de suspension. Et l’envie qui me prend d’en insérer à la fin de la phrase précédente. Mais je résiste : main gauche… main gauche. Ceux-là (les petits points) n’ont point échappé à ma vigilance. Je les ai mis exprès. Á bon escient ?

Petit rappel : le conseil récurrent de notre charmante animatrice était que notre main gauche n’ignore rien des fautes commises par notre main droite et les corrige.

 

Je lis un texte d’Alexis Jenni : « L’oral est animal, le texte est végétal ». Il parle de l’écriture. Admirable. Pourtant je n’avais pas aimé son Prix Goncourt, « L’art français de la guerre » que j’ai trouvé verbeux.

Dans ce billet publié par le magazine La Vie (14 Novembre 2013), il interroge :

« D’où vient alors le texte que l’on peut écrire ? Des trois heures passées à l’écrire ? De la seconde d’illumination où trois mots apparaissent ? Des 30 ans de vie qui précèdent le moment où l’on écrit ? »

Il évoque ce pouvoir de germination des mots, le mystère de l’inspiration, de la création. L’écriture devient Arbre. J’aime cette allégorie.

 

Saurai-je laisser croître l’histoire que j’écris, aujourd’hui ? Elle est encore fragile comme une plantule qui vient de sortir de la terre de ma mémoire, de mon inconscient. J’espère qu’elle grandira, qu’elle se fortifiera chaque jour.

J’aime imaginer les mots-feuilles, les mots-fleurs (« Un peu trop, m’a dit la conseillère en écriture. Méfie-toi, Monique ») qui s’entrelaceront en phrases, en rameaux, poussant toujours plus loin le petit souffle initial, la petite graine qui germe, qui germe… Goût d’infini.

Telle une vie humaine.

« Et un homme alors ? Combien de temps lui faut-il pour être ce qu’il est ? » dit Alexis Jenni.

J’aime cette résonance entre l’Écriture et la Vie.

 

(Monique MERABET, 1er Décembre 2013)

 

Publié dans LIRE

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M
J'aime toutes ces résonances, entre Ecriture, Vie, Arbre, Végétal. Tout ceci finalement pourrait n'avoir qu'un seul et même nom : Essence.
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M
Je suis entièrement d'accord avec toi, Patricia. Et le texte de Jenni est vraiment très beau. Je te l'enverrai.
D
J'ai hâte de lire ce que tu fera germer encore. Tu t'y entends si bien !
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D
"Tu feras" ! Je me mets à faire des fautes, zut alors ! Te voici lancée dans une belle aventure alors.
M
Merci Danièle. Là, j'ai entrepris une fiction à laquelle je voudrais donner un peu d'ampleur, comme un mini-roman. Pas facile pour moi qui suis davantage tournée vers le court.