Noël au coquelicot
NOËL AU COQUELICOT
vitrines rougies
de pères-noël
je chante dou-ou-ce nuit
Par-delà les pétards guerroyant la nuit, par-delà les dégueulis de pubs consuméristes consumant le dernier atome de sacré, nana in jour i apèl Nouèl !
Noël et ses cadeaux… Noël et ses joies et ses surprises :
La longue guirlande du thunbergia, éclipsant la rouille du balcon,
la promesse du buis de Chne, prêt à se pitacler de blanches constellations,
l’or d’une mangue mûre que je partage avec un bel escargot, une cétoine moirée ou un cosmos de fourmis,
les facéties d’un chat squatteur sachant squatter en douceur…
lumière de décembre
un chat roux prête sa tête
à l’avocatier
Et puis ce miracle du 22 Décembre, l’apparition sur un bout de balcon à Saint-Denis de la Réunion (hémisphère Sud)
dimanche d’Avent
un coquelicot fleurit
mon balcon
Coquelicot ! Carmin d’une corolle tant espérée, d’une graine semée au dix du mois de Mai… à toi dédiée, ô ma sœur envolée ! Mes yeux émerveillés de petite fille comblée boivent ses teintes d’incandescence à l’unisson des flamboyants de l’enfance toujours renouvelés.
Coquelicot ! Pour un insolite kigo de Noël né en mon jardin d’imaginé, marqueur d’une saison marronnée aux fantasmes d’une insulaire identité.
Cocorico… Coquerico… Coquelicot… Tu portes bien ton nom de jour triomphal, de défi lustral que lance une île aventurière aux barrières océanes. Le coquelicot ne pousse pas ici sous les tropiques, combien de fois me l’a-t-on assuré !
Coquelicot ! Chant de souvenance pour un grand-père mort en pantalon garance, la tache rouge, là où battait son cœur…
Coquelicot porte-bonheur, messager de là où bat mon cœur : j’ai eu de ses nouvelles.
Ce matin, le rouge à peine pâli… destin de tite fleur fanée, tite fleur aimée…
coquelicot d’hier
qui, de rose s’adoucit
un autre bouton
croire aux lendemains qui chantent
florebo quocumque ferar*
JOYEUX NOËL Á TOUS !
(Monique MERABET, 24 Décembre 2013)
* « Je fleurirai partout où je serai planté », la devise de la Réunion