Ophélie
LA CHANSON D’OPHÉLIE
Flottant là-bas comme une voile
Est-ce une fleur, une étoile
Qui aurait perdu le Nord ?
Est-ce un oiseau qui dort ?
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
Les eaux d’hiver n’ont plus de larmes
Pour dire un adieu aux charmes
D’une âme frêle comme aurore
Qui vient à peine d’éclore.
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
L’amour se mutine en folie
Sous la couronne d’ancolies
Marquant l’envers du décor
Le faux, le laid, le mort.
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
En Elseneur tout est terni.
Le dernier printemps a fui
Larguant l’illusoire port
Des jeux troubles du sort.
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
Et quand ta grâce sera fange,
Que deviendra alors l’ange
Qui embellissait ton corps ?
Qui t’aimera encor ?
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
Plaise au ciel que la Fée Glace
Te sertisse en une châsse
Te gardant comme un trésor
Icône aux cheveux d’or.
Ophélie ! Les longs roseaux
Chuchotent ton nom.
Ophélie ! Au gré de l’eau
Se meurt ta chanson.
(Monique MERABET)