La mer qu'on voit danser (14)
LE PAILLE-EN-QUEUE ET LE CERF-VOLANT
Le lendemain, Marisette trouva la mer calme et reposé. Ses confidences de la veille semblaient lui avoir fait le plus grand bien et la petite fille n’était pas peu fière d’avoir contribué à la réconforter.
C’est sur un ton fort enjoué qu’elles reprirent leurs habituelles conversations. Marisete était surprise par l’ampleur des connaissances de la mer ; cette dernière avait toujours plein de choses à raconter et… sur les sujets les plus variés.
Pourtant, la mer n’allait pas à l’école ; elle ne regardait pas la télévision ; elle ne lisait ni livres, ni journaux et… ne disposait pas d’internet. Alors, d’où tenait-elle toutes ces anecdotes sur la terre et sur le ciel ?
Et notre curieuse impénitente ne put s’empêcher de questionner la mer.
- Oh ! C’est très simple, répondit celle-ci. Je dispose d’une foule de « correspondants » de par le monde… comme toi, par exemple. Ils viennent me rapporter minutieusement tous les événements auxquels ils assistent et moi, j’engrange tout dans ma formidable mémoire. Pour me renseigner, j’ai le vent, les nuages, les oiseaux et parmi eux, mes fidèles paille-en-queue. Tiens ! Justement, il y en a un qui plane au-dessus de ta tête. Salut, ami paille-en- queue !
- Salut, Paille-en-queue ! cria Marisette, en écho.
L’oiseau blanc les entendit et répondit à leur salut en exécutant quelques loopings très acrobatiques pour le plus grand ravissement de la fillette. Puis il se posa sur une branche de filao, à portée de sa main
- Est-ce que je peux te caresser ? demanda timidement la petite fille.
- Si tu veux, dit le paille-en-queue. Je sais que je n’ai rien à craindre de toi ; tu es l’amie des oiseaux. Je me présente : Blanche-Plume, le barde du clan des Pailletti.
Marisette avait posé sa main sur le long plumet de la queue. C’était doux et fin comme de la soie.
- Moi, je m’appelle Marisette. Euh… c’est quoi un barde ?
- Un barde ? C’est comme un poète-chanteur, un troubadour, si tu préfères.
- Alors, tu sais raconter des histoires ?
- Parfaitement ! C’est même mon métier et, sans me vanter, je suis toujours le le premier au concours poétique qu’on organise chaque année au Cap Bernard. Si vous voulez, je vais vous raconter les aventures du paille-en-queue Toublan qui voulait ressembler à un cerf-volant. Mieux, même, je vais vous les chanter.
Et d’une voix mélodieuse, il entama sa ballade.
PRÉLUDE
Blanc, blanc, blanc…
Qui plane là-haut dans les cieux ?
Blanc, blanc, blanc…
C’est le joli paille-en-queue.
Bleues, bleues, bleues…
Dansent en azurs changeants
Bleues, bleues, bleues…
Les vagues de l’océan.
Bleu, rouge, jaune,
C’est l’arc-en-ciel qui fredonne
Orangé, indigo, vert
Berçant les poissons de la mer.
Et le cerf-volant
Virevoltant dans la brise ?
Et le cerf-volant…
On le peint tout à sa guise.