La mer qu'on voit danser (8)

Publié le par Monique MERABET

La mer qu'on voit danser (8)

LES BLEUS DE LA MER (2)

Il y a de cela longtemps, longtemps, le monde ne ressemblait pas à ce qu’il est aujourd’hui. Par exemple, chaque élément composant l’univers avait sa couleur propre : le feu était rouge, le soleil, jaune ; les arbres et les plantes étaient verts, de la pointe des feuillages jusqu’aux racines ; le sol et les montagnes déclinaient un camaïeu d’ocre, de miel, de chocolat.

Quant à moi, la mer, eh bien ! j’étais bleue… mais bleue pour de bon, bleue en permanence. Je n’avais pas besoin, comme aujourd’hui, de repasser ma surface en miroir bien lisse afin de capter les couleurs du ciel. D’ailleurs, au commencement, le ciel avait reçu une teinte invisible, ce qui était très acceptable pour la simple masse d’air qu’il est. C’est lui le ciel, qui devait se contenter de refléter les bleus que j’étalais avec magnificence.

Chaque peuple avait un roi pour le gouverner. Il y avait le Roi du Feu, le Roi du Soleil, le Roi des Forêts, le Roi des Montagnes, le Roi de la Mer. Chaque chose avait ainsi une place bien déterminée ; tout le monde s’en accommodait dans la paix et le respect mutuel. Hélas ! Cet ordre harmonieux fut détruit un jour, et par la faute des humains. Je regrette d’avoir à le dire devant toi, une petite fille, mais c’est la vérité.

Les humains de la terre qui se croient supérieurs à toutes les autres créatures, avaient trouvé le moyen de s’accaparer les couleurs pour leur usage exclusif. Ils en firent un étrange amalgame dont ils barbouillèrent leur environnement. Pfff… Dire même qu’ils trouvent cela joli ! Bon ! Ce qui est fait, est fait ! On ne peut pas revenir en arrière.

Les hommes avaient domestiqué les couleurs… mais pas entièrement. Il leur manquait la couleur bleue.

... à suivre...

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