Dimanche, on tourne... les pages 14(21)
VIEUX RÂLEUR SUICIDAIRE LA VIE SELON OVE
(Fredrik BACKMAN)
Un de ces romans « moments de tendresse » auxquels on raccroche un jour un peu triste, lorsqu’on attend de meilleures nouvelles, lorsque l’on a besoin de croire en une douceur possible afin de contrecarrer de tragiques événements…
Et pourtant, j’ai failli passer à côté de ce premier roman suédois tant le titre me paraissait racoleur ; mais peut-être est-ce dû à une adaptation française du titre suédois, se pliant à une supposée tendance de ce que recherche le lectorat français ? Le titre suédois n’est pas mentionné. Dommage ! Il est souvent instructif de suivre les distorsions auxquelles est soumis un titre original…
Le héros, Ove, est le type même du bougon, à l’esprit un peu étroit, tatillon et chicaneur. Ses actes relèvent d’une telle maniaquerie qu’ils en deviennent loufoques. Pensez donc ! Il relève consciencieusement les numéros des voitures indument stationnées sur le parking de la cité, cette cité où toute circulation est interdite par ailleurs et voilà de quoi alimenter le combat du justicier Ove, s’acharnant à faire respecter la réglementation… Et quand on sait qu’il jauge les nouveaux arrivants à la marque de leur véhicule, qu’il exècre tous les « déviants » osant rouler autrement qu’en Saab… on se dit que ce personnage est a priori, fort peu sympathique.
Mais le bonhomme cache sous sa carapace rugueuse de « vieux, râleur et suicidaire » un cœur gros comme ça, énorme même, ainsi qu’on le découvrira lors d’un passage à l’hôpital. Il dit toujours non mais son altruisme foncier le transforme en « ange tutélaire » du quartier. Un chat pelé, une jeune femme enceinte et ses petites filles, une « personne pédée », un vieil homme qu’on veut séparer de sa femme, etc. bénéficieront de son incroyable générosité.
Le hiatus entre les deux aspects de sa personnalité, engendre des situations du plus haut comique. On sourit, on rit à ce récit pétillant d’humour, souvent au second degré.
On s’attendrit aussi car Ove est un cœur simple qui décide de cesser de battre à la disparition de sa femme. Mais comme pour le reste ses tentatives de suicide soigneusement préparées échoueront une à une pour notre plus grand bonheur.
Ah ! On ne s’ennuie pas dans « la vie selon Ove », un beau roman, touchant et drôle. Et carrément optimiste sur la capacité humaine à s’entraider et à vivre ensemble. Il suffit parfois de regarder au-delà des apparences.
(Monique MERABET, 24 Août 2014)