Oratorio pour un croissant

Publié le par Monique MERABET

Oratorio pour un croissant

ORATORIO POUR UN CROISSANT

 

 

 

Croissant de Septembre

le fleurissement tardif

du manguier trop vieux

comme un émerveillement

jaillissant du plus intime

 

J’ai tellement aimé la lune d’hier soir : le léger croissant souriant au-dessus de l’incroyable floraison de l’antique manguier. Et ce parfum de franciséa mauve et blanc, flottant à sa rencontre.

Écrire un poème pour cet instant magique… haïku, tanka, distiku ? Quelle forme peut le mieux rendre l’éclat du moment, l’enchantement, l’émerveillement qui monte à l’âme, la grâce de la vision et la grâce de l’écrire ? Sans doute les trois.

N’est-ce pas là, sublime motivation d’écriture, l’ici et maintenant, loin de la nostalgie et de l’esprit de « vengeance », moteurs indispensables à l’acte d’écrire, aux dires d’un éditeur…

L’écriture peut être méditation et peu de mots sont nécessaires pour ouvrir la porte sur l’imaginaire du lecteur, du lecteur : cinq mots exactement pour le haïku oulipien, minimaliste s’il en fut.

Cinq mots pour dire la lune et le manguier. Cinq mots pour englober mon sentiment de soudaine plénitude, pour noter ce que mon inconscient a pu trouver d’insolite ou de remarquable à cette scène

 

Le croissant

précédant

le lampadaire

 

Je serais bien en peine d’expliquer ce qui m’a poussé alors à prendre une photo, à attendre (compter jusqu’à cent) que se termine la partie de cache-cache avec le nuage joueur qui arrive pendant ma mise au point.

Je me suis demandé si une photo-haïku ne suffirait pas… Mais mon âme a besoin de mots. Pensée pour celle des malvoyants que l’image ne saurait atteindre.

L’écriture est accessible à la vue, à l’ouïe… au toucher aussi, bien sûr, pour peu qu’on la mette en Braille. Trois sens sur cinq ! Et le parfum des fleurs venu de la mémoire, comme la saveur des futures mangues mûres : sens mémoriels. Je vois déjà les petits fruits qui se sont formés. Seront-ils sur la photo ?

Que je n’oublie pas les voix vespérales des oiseaux. Ce dernier chant.

 

le ciel animé d’étoiles

pour les iris endormis

 

A l’heure où s’ouvrent les étoiles, si lointaines et si proches. Familières. Sandwich d’étoiles pour la lune jeunette de fin Septembre entre le firmament et le foisonnement de l’arbre qui veille.

En fait, la principale motivation de ma photo était pour répondre à mon interrogation naïve : pourrais-je capter les étoiles sur ma photo ?

Belle nuit… pour le sommeil aussi. Pour une raison inexpliquée, mon radioréveil ne s’est pas déclenché ce matin de lundi, me laissant la sérénité d’un éveil aux oiseaux. Reposée. Deux anges de lumière veillaient au plafond.

 

(Monique MERABET, 29 Septembre 2014)

 

(

 

Publié dans Haïbuns

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