L'iris de Janvier
IRIS DE JANVIER
L’iris de Janvier. Je l’ai remarqué, un peu chétif, un peu ras de terre. Enfin, c’était hier et je l’avais caressé en l’entourant de compassion. Celui d’aujourd’hui a repris formes et couleurs. Il se penche, mutin, hors de l’ombre du goyavier. Un petit futé, celui-là… toujours rechercher une poche d’ombre si l’on veut résister aux rigueurs de l’été. Choisir l’endroit où commencer son existence pour qu’elle s’accomplisse le temps d’une journée.
L’iris de Décembre dure plus longtemps que l’iris de Septembre ou celui de Janvier. Les jours raccourcissent, seconde après seconde. Le muezzin le note scrupuleusement, lui qui chante la fin du jour, le passage de la lumière à la nuit.
Le même Dieu pour tout sanctifier… Notre Père qui es aux cieux. Et sur la terre, « qui est parfois si jolie », dirait Prévert. L’iris embellit mon jardin qui perd peu à peu sa dégaine de rescapé de la dernière guerre de l’élagage du 8 Décembre. Devrai-je en instituer une commémoration ?
Le buis de Chine arbore ses boucles de pousses vert tendre, vert clair. Et quelques fleurs, aussi, pour fêter la pluie qui devrait nous arriver aujourd’hui… promesse de météorologiste !
L’iris s’est gorgé des pluies des derniers jours de Décembre ; sortir plus large, plus fort.
La fleur du Jour, remplaçant le Saint du Jour. J’imagine tout un calendrier, un nom de fleur par jour. Trois cent-soixante-cinq noms à répertorier ! Cela me laisse rêveuse.
365 ? Pas tout à fait… Prévoir un joker : le coquelicot par exemple.
Peut-être un pantoun qui parlerait d’elles. Chiche !
L’iris a choisi la pénombre
Pour naître un matin de Janvier
L’enfant qui naîtra sous les bombes
Aura-t-il pages à tourner ?
(Monique MERABET, 2 Janvier 2015)