La fraîcheur des mots
LA FRAÎCHEUR DES MOTS
Le jardin semble avoir tout oublié des jours de pluie. L’haleine brûlante d’un été décidément torride, assèche, dessèche, essore mes fibres jusqu’au dernier atome de liquide devenu sueur, par tous les pores…
Ce serait facile, pourtant, d’y échapper, migrer vers les Hauts plus frais : changement d’air. Ce serait… conditionnel de ma vie citadine immobilisée.
Sous la douche
fermer les yeux
j’entends la cascade
La moindre activité me fatigue, me laisse suante, haletante, maugréante.
Le soir où je mourais, je me dirai : « Chouette, il n’y a plus rien à faire ! »
Plus de vaisselle. Plus de lessive. Plus de ménage. Plus de courses. Plus de papiers à remplir. Plus de factures. Plus de rendez-vous. Plus d’écriture…
Plus d’écriture ? Ah !
Le soir où je ne mourais pas encore, j’écrirai plein de poèmes, ou plutôt des haïkus. Le tercet est une excellente manière d’annoncer à l’univers (Heu ! Combien de lecteurs ?) que l’on est vivant, vibrant de ses cinq sens, de son émerveillement.
Coller des mots de fraîcheur sur une moiteur de canicule, c’est mieux que tirer des plans sur la queue d’une comète. Un lézard file le long de l’arête du mur.
Ce petit papillon mauve accroché à son herbe, battant doucement des ailes, m’a offert un soudain rafraîchissement hier. Infime, imperceptible à ma peau desséchée mais… baume pour la pensée.
En me saluant
le sourire du voisin
le monde va mieux
Un haïku pour faire avancer la paix.
(Monique MERABET, 7 Janvier 2015).