La fraîcheur des mots

Publié le par Monique MERABET

La fraîcheur des mots

LA FRAÎCHEUR DES MOTS

 

 

 

Le jardin semble avoir tout oublié des jours de pluie. L’haleine brûlante d’un été décidément torride, assèche, dessèche, essore mes fibres jusqu’au dernier atome de liquide devenu sueur, par tous les pores…

Ce serait facile, pourtant, d’y échapper, migrer vers les Hauts plus frais : changement d’air. Ce serait… conditionnel de ma vie citadine immobilisée.

 

Sous la douche

fermer les yeux

j’entends la cascade

 

La moindre activité me fatigue, me laisse suante, haletante, maugréante.

Le soir où je mourais, je me dirai : « Chouette, il n’y a plus rien à faire ! »

Plus de vaisselle. Plus de lessive. Plus de ménage. Plus de courses. Plus de papiers à remplir. Plus de factures. Plus de rendez-vous. Plus d’écriture…

Plus d’écriture ? Ah !

Le soir où je ne mourais pas encore, j’écrirai plein de poèmes, ou plutôt des haïkus. Le tercet est une excellente manière d’annoncer à l’univers (Heu ! Combien de lecteurs ?) que l’on est vivant, vibrant de ses cinq sens, de son émerveillement.

Coller des mots de fraîcheur sur une moiteur de canicule, c’est mieux que tirer des plans sur la queue d’une comète. Un lézard file le long de l’arête du mur.

Ce petit papillon mauve accroché à son herbe, battant doucement des ailes, m’a offert un soudain rafraîchissement hier. Infime, imperceptible à ma peau desséchée mais… baume pour la pensée.

 

En me saluant

le sourire du voisin

le monde va mieux

 

Un haïku pour faire avancer la paix.

 

(Monique MERABET, 7 Janvier 2015).

Publié dans haïbun 15

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M
Moi aussi ce dernier haïku de ton haïbun me touche particulièrement. On ne mesure pas toujours la force d'un simple sourire. On ne mesure pas toujours la force des mots, ces "armes miraculeuses". Faisons en sorte que ceux qui sortent de nos bouches, ceux qui coulent de nos plumes fassent toujours avancer la paix.
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D
En me saluant<br /> <br /> le sourire du voisin<br /> <br /> le monde va mieux<br /> <br /> Instant ô combien précieux, chère Monique, en ce monde devenu fou.
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M
Oui après cet épisode sanglant de la folie du monde, il me semble bien précieux ce sourire.