grigri

Publié le par Monique MERABET

grigri

GRIGRI

L’oiseau que j’entends

l’oiseau que je ne vois pas

me parle de paix

l’envol d’une tourterelle

laisse duvet sur mes doigts

Chaque jour amène son porte-bonheur : une plume, une graine, un caillou, une fleur séchée qui soudain retient l’attention, cristallise un sentiment de joie.

Là, au creux de la main, là, au coin des yeux, tout près du cœur, il nous apporte le signe d’amitié, de soutien que l’on attendait. Grigri de sérénité au seuil d’une journée.

Une anecdote me revient en mémoire : ce brin d’herbe que le prisonnier d’un goulag, d’un camp d’extermination, je ne sais plus trop, découvrait entre deux pavés, auquel il accrochait une espérance. Tenir debout, un jour encore.

Je me souviens aussi de ce léger duvet venu caresser ma joue puis s’élancer droit vers une destination connue de lui seul… à l’instant même où l’âme d’un être cher se détachait de la matière pour son périple au-delà.

Ou encore cet oiseau qui vient le visiter aux heures troubles de colère, de désespoir : chant talisman pour dire tu n’es pas seul, espère. Signe éphémère car l’oiseau reste invisible et s’envole, une fois sa mission accomplie.

Grigri d’un moment, juste le temps qu’il faut pour nous remettre en phase avec la création, avec tous les êtres qui, comme nous, vivent le maintenant, instant après instant.

Les porte-bonheur ne s’amassent pas. Ils sont nécessaires à ce fragment d’existence. Rien de moins, rien de plus. « Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent. »

Á chaque jour suffit sa peine. Á nous de découvrir le brin de paille ou de plume qui le ramènera vers la joie et la gratitude d’être là.

Notre présent quotidien. Il est significatif que le mot « présent » désigne à la fois, notre place en cet instant et le cadeau qui nous est offert. Parfois en double.

Le croirez-vous ? En passant près d’une bassine pleine, je recueille un scarabée-tortue* et le sauve de la noyade. De retour à ma page d’écriture, sur l’ongle de mon pouce, une coccinelle bat des ailes.

(Monique MERABET, 7 Mars 2015)

*casside (voir photo ci-dessus)

Publié dans Dis-moi 10 mots 15

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M
Cueillir le jour et tous ses présents (dans tous les sens du terme comme tu le souligne si bien).
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D
Comme le dirait Eluard, chère Monique, il y a toujours une main tendue... Elle s'appelle espoir. Un bien joli haïbun en tout cas. J'espère que tu vas bien. Sans doute ne reçois-tu pas toujours tes e-mails : je t'en ai envoyé un en début de mois. Je t'adressais un grand merci pour "L'écho". Bonne journée.
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M
Merci Danièle pour ton regard "tendu".
M
+<br /> La visite<br /> d'un épervier<br /> Un cadeau.<br /> +
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M
Tout à fait, Marcel!