inuit
INUIT
La pluie… comme s’il en pleuvait ! Ce n’est pas le gris uniforme noyant le paysage qui m’inspirera pour décliner le mot « Inuit », ce terme accueilli dans la liste des dix mots de la Francophonie 2015 et que je me propose d’illustrer par un tanka : guide d’écriture pour le mois de Mars.
Un autre ciel, donc : celui d’une autre nuit.
Entre deux orages
la banquise des nuages
la lune à travers
il doit faire froid là-haut
imaginer un traîneau
L’observation des nuages est source pérenne de mon inspiration ; décrire les masses blanches ou grises qui se prêtent à merveille aux métamorphoses, aux métaphores aussi ; retrouver le cirque du couchant qu’une petite fille sage regardait parader, assise en haut des marches d’un grand escalier.
Imaginer ce qui se cache derrière la couverture lisse et bleue ou grise, l’apprêt d’un ciel qui se fige… en attendant que vienne s’y égailler la turbulence des boules floconneuses.
Ma neige tropicale. Comme il doit faire froid là-haut !
Les nuages voyagent. Suivre en pensée leur périple, banquise de brumes rejoignant fatalement la banquise de glaces, un peu plus au Nord que mes étendues tropicales. Eau solide, buée d’eau, prêtes à redevenir liquide : états précaires d’un même élément.
Y aurait-il au bout du bout de là-bas, un manchot à la dérive, un esquimau égaré pour rêver d’une île de feu et d’arbres ?
Ô châteaux de nuages ! Ma gratitude va vers vous, aujourd’hui pluie, pluie, pluie, embellie… les feuillages qui n’en finissent plus d’égrener leurs gouttelettes et, au loin, le grondement des vines s’empressant de rouler jusqu’à l’océan leurs oripeaux arrachés aux flancs d’un volcan.
Á l’horizon, d’autres nuages vont se former, s’agréger, tourbillonner… Et cette goutte sur mon cahier.
(Monique MERABET, 8 Mars 2015)