Impressions de jardin
IMPRESSIONS DE JARDIN
À deux reprises
un chat rouge dans mon rêve
bruit de verre brisé
Lendemain de fête. Je redécouvre la vaisselle et le carrelage, un chemin de roses dans la tête.
J’ouvre la fenêtre
les volets bleus du voisin
printemps, es-tu là ?
Regain d’hiver avec ce vent et le ciel qui se couvre chaque après-midi. Sous les letchis centenaires, il faisait frais, au jardin d’hier, foisonnant de teintes et d’odeurs. Non, je ne connais pas le nom de la rose, ni celui des autres plantes non plus. Tiens ! On dirait… un lys, un perce-neige, un iris, de l’héliotrope…
Cinq pétales
font une églantine
nombre d’or
Mes fleurs préférées sont les fleurs les plus simples, corolles des champs au parfum d’enfance : marguerites folles en tapis serré, chardons oubliés, jaune soleil, ou cette herbe-tortue, pièce montée d’inflorescences roses… devant laquelle personne ne s’arrête.
À deux pas de l’azalée
viens voir comme c’est beau
photo sur la tablette
La mère à sa petite fille. Comme s’il fallait obligatoirement passer par un écran tactile pour dire ce qu’il faut regarder, ce qu’il faut sentir. La même dame — ou une autre — suit la visite guidée en consultant sa tablette. Petit dialogue surréaliste :
—Je ne connais pas le nom de cette rose ancienne, dit le maître des lieux
—Ah ! voilà la fleur dont vous parlez, s’exclame la dame-écran. On va pouvoir connaître le nom… Ah ! non… ils ne disent pas.
—☺Forcément, répond le jardinier. La photo a été prise en mon jardin.
Cette rose est-elle
parfumée ?
suivre l’abeille
Il y a un essaim venu se réfugier au creux d’un vénérable letchi. Une pancarte le signale. « Mais les abeilles sont inoffensives » dit la petite-fille des propriétaires. Elle a une belle connaissance horticole, déchiffre pour nous le nom de l’arbre sous lequel nous sommes installés. Il a des fleurs qu’on met dans le cari, précise la botaniste en herbe.
S I X G Y G I U M !
je peux le mettre
dans mon haïku ?
Rencontres autour de quelques poèmes. Journée porte ouverte. Journée à cœur ouvert.
Plein de couleurs
sur du papier blanc – Sarah
dessine une chanson
Dans ce jardin extraordinaire, la poésie se mêle aux fleurs… Je remplis mon carnet-haïkus.
Partage des mots et aussi partage des mets au cours de ce pique-nique improvisé.
« Qui veut de ma quiche aux poireaux, au saumon ? »
« Qui veut goûter à ma paella ? je me suis levé à Cinq heures pour la faire… »
Tu veux un samoussa
frimousse de Sarah
puis d’autres, en défilé
Ce matin, l’amie qui partira bientôt, me laisse en message le salut de Véli, l’étoile quatre heures qu’elle a admirée dans la fraîcheur salazienne d’un autre jardin.
(18 Septembre 2016)