L'île-moi

Publié le par Monique MERABET

L'île-moi

L’ÎLE-MOI

Mots heurtés

un échafaudage

de nuages

Nuages, nuages du matin, aux spires empilées, suivez-vous la règle du nombre d’or ? Tant de lois mathématiques gouvernent le cours des planètes et régissent nos jours et nos nuits !

Monde-nuage aux contours incertains, comme vous convenez bien à mon humeur changeante. Un souffle de vent peut vous bousculer et modifier les paysages célestes. Une parole, une sensation, cheval de Troie d’un mal-être plus profond, fait parfois déferler la lame de fond de blessures que l’on croyait oubliées, cicatrisées. Et l’on se retrouve haletant son chagrin, sa frustration.

Et les mots jaillissent, s’étalent en flots envahissants, s’emballent, ramenant à la surface d’autres mots-épaves, mots-cadavres qui reposaient eu fond.

L’écriture est aussi cela, rupture de digue, tsunami… compère Volcan s’est réveillé, crachant ses pierres ignées et c’est peut-être la cause de ma logorrhée, de cet accouchement âpre et térébrant. Écriture tellurique qui gronde et explose au rythme des laves, quelques kilomètres plus haut.

Réunionnaise, je suis mer et volcan.

Volcan réveillé

votre cœur qui bat trop vite

dit le médecin

Plus vite, oui, tempo des forces qui habitent mon île-moi, en dessous, en dedans.

Et ces mots flammèches retomberont, cendres et scories, attendant la prochaine marée rouge et noire que mon histoire génère, ressentiment, ressassement. Oh ! Vous qui vous proclamez si facilement « Réunionnais », ressentez-vous cela ? Êtes-vous prêts à accueillir les eaux amères d’un passé que vous n’avez pas partagé ?

Connaissez-vous cette harmonie fusionnelle avec une terre ? Celle où je suis née, celle où j’ai été créée, ce caillou de basalte c’est tout ce que je possède. C’est tout ce qui me possède.

Lendemain

la marée des iris

me réjouit

(13 Septembre 2016)

Publié dans chroniques d'hiver

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H
Ile moi, île mère, île volcan île fusion, de notre îre, de nos douleurs, de nos bonheurs, tout se mêle dans nos mots, nos maux pour dire que nous sommes, que nous existons envers et malgré les pièges, les oublis. C'est notre privilège de pouvoir écrire et dire et chanter...il y a heureusement ces jardins de vie, de couleurs, de parfums pour nous enchanter toujours et encore...Merci pour toute cette poésie qui nous emmène au cœur<br /> de la nature.
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M
Et ce partage réunionnais me fait chaud à l'âme. Oui, nous existons et c'est le plus beau cadeau que notre île nous ait offert.
I
Quel beau texte, quelle chaleur... Envie de retourner dans ton île et te revoir !<br /> isabel de Plouy Saint-Lucien où les roseaux qui étouffaient la mare viennent d'être éclaircis, ce matin.<br /> Le couple de poules d'eau est toujours là. Mais pas les carpes de couleurs : le héron qui est venu tous les matins à l'aube depuis les printemps les a tous mangés ! <br /> A suivre...
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M
Merci isabel. Pour moi aussi le rêve de te retrouver et de revoir la mare.