La bâtarde du Rhin (1)

Publié le par Monique MERABET

La bâtarde du Rhin (1)

LA BÂTARDE DU RHIN

Notes de lecture

 

LA BÂTARDE DU RHIN de Monique Séverin

Ouvrage paru aux Éditions « Vents d’ailleurs » en Septembre 2016

 

Premier roman d’une auteure que l’on connaît déjà pour ses courts et incisifs textes sur les femmes réunionnaises : Némésis et autres humeurs noires (nouvelles publiées aux Éditions Caribéennes) , Femme sept peaux (publié chez L’Harmattan), Madame Sans Langue (dans Nouvelles de la Réunion, Magellan)…

« Ce roman de pure fiction est profondément ancré dans l’histoire, l’histoire des années 1930 et 1940 en Allemagne, abordant la honte noire et le lebensborn (projet des nazis d’accélérer la reproduction de la race aryenne) puis à la Réunion, société de toutes les hiérarchies où se cristallisent les non-dits. », dit la quatrième de couverture.

Vaste domaine d’investigation que Monique Séverin explore d’une écriture exigeante et inspirée, tenant le lecteur en haleine dans ces pages fortes et denses. Si riches que la lectrice passionnée que je suis, peine à en rendre compte.

 

Il est des livres que l’on dévore avec frénésie pour atteindre le bout du suspense et qui ne laissent à l’esprit que le strass de mots brillants.

Et puis, il y a les ouvrages que l’on sirote par petites volées de pages, que l’on dépose parfois pour laisser aux réflexions de l’auteure le temps de se mêler à ses propres pensées. « La bâtarde du Rhin » est de ceux-là.

Dans une subtile construction romanesque, Monique Séverin sait entretisser à l’histoire de son héroïne Kozima la trame d’un vécu — présent et passé confondus — de l’île à la fois paradis possible et… enfer des pesanteurs historiques.

Monique Séverin est écrivaine d’Ici, de cette terre, de ces racines qu’elle assume pleinement et excelle à nous faire partager. En la lisant, j’ai ressenti profondément la présence de cette âme réunionnaise, la sienne, la mienne, celle de tous ceux qui prennent la peine d’aller la cueillir aux origines d’un singulier peuplement.

Tout d’abord, l’héroïne Kozima — K… Z.. Attention ! la signification du prénom, la graphie choisie, n’est jamais fait du hasard sous la plume de Monique Séverin — est issue de l’improbable idylle entre une jeune allemande et un soldat réunionnais « à la peau cuivrée » ; ce dernier fait partie d’un contingent français occupant la Rhénanie, après l’armistice de 1918. Le père retournera à son île natale, sans avoir eu connaissance de l’existence de sa fille et Kozima sera élevée par sa mère en terre allemande, bientôt dans la tourmente nazie.

La jeune fille aux yeux bleus mais dont « des cheveux frisées et des lèvres épaisses  trahissent la partie nègre » connaîtra la séparation d’avec sa famille, la géhenne d’un laboratoire expérimental, la fuite en France, la Résistance, la déportation… Et à la fin de la guerre, fera le voyage vers cette île réunionnaise de ses origines et découvrira d’autres secrets, d’autres aliénations.

 

« Que cette terre reculée ait pu — trafic de chair humaine — forger les conditions de l’avilissement, mais aussi — harmonie en gestation — les prémices d’un monde singulier, la hantait. »

NB: il n'est pas possible évidemment de dire en quelques lignes, toute la richesse d'une telle oeuvre. J'y reviendrai donc bientôt... A suivre...

 

  

 

 

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