Fourmis et moucherons

Publié le par Monique MERABET

Fourmis et moucherons

FOURMIS ET MOUCHERONS

 

 

 

Ma plume arrêtée

la fourmi s’immobilise

un long moment

 

Les fourmis jouent à « Un, deux, trois… Fourmis » entre les mots. Mes mots. Ceux que je trace sur ces lignes.

Et s’ils n’étaient qu’empreintes de fourmis ? Fourmis mêmes, pourquoi pas ? Qui sait ce que deviennent les mots lorsque je referme mon cahier ?

Syndrome de la petite lumière du frigo ou pour aller plus loin… cette comptine apprise à l’école et que je peux encore me réciter aujourd’hui. Presque sans faute.

 

Je sais enfin pourquoi

Ma poupée est malade

Chaque nuit en cachette

Elle fait sa toilette

Et court au bal masqué

Où les pierrots poudrés

Et les polichinelles

Ne dansent qu’avec elle…

 

Je vérifie sur Google. C’est de Maurice Carême. Bien entendu. Merci Mémoire.

Ma mémoire s’égrène donc en fourmis — points sur les i — courant sur le papier. Les fourmis aiment les mots sucrés, les mots doux. J’en dresse chaque matin la liste : Amour, Poésie, nuage, Fleur, Oiseau, Sourire… à glisser dans un haïbun, un haïku.

Écrire fourmi. Ne pas écrire moucheron, surtout. Eux, ils n’aiment que les mots acides, grimaces citron. Est-ce pour cela qu’ils ne se posent (presque) jamais entre mes mots ? Trop bleus, trop mauves. Ils préfèrent me danser devant les yeux.

 

(7 Septembre 2017)

Publié dans Courts d'hiver

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