Fourmis et moucherons
FOURMIS ET MOUCHERONS
Ma plume arrêtée
la fourmi s’immobilise
un long moment
Les fourmis jouent à « Un, deux, trois… Fourmis » entre les mots. Mes mots. Ceux que je trace sur ces lignes.
Et s’ils n’étaient qu’empreintes de fourmis ? Fourmis mêmes, pourquoi pas ? Qui sait ce que deviennent les mots lorsque je referme mon cahier ?
Syndrome de la petite lumière du frigo ou pour aller plus loin… cette comptine apprise à l’école et que je peux encore me réciter aujourd’hui. Presque sans faute.
Je sais enfin pourquoi
Ma poupée est malade
Chaque nuit en cachette
Elle fait sa toilette
Et court au bal masqué
Où les pierrots poudrés
Et les polichinelles
Ne dansent qu’avec elle…
Je vérifie sur Google. C’est de Maurice Carême. Bien entendu. Merci Mémoire.
Ma mémoire s’égrène donc en fourmis — points sur les i — courant sur le papier. Les fourmis aiment les mots sucrés, les mots doux. J’en dresse chaque matin la liste : Amour, Poésie, nuage, Fleur, Oiseau, Sourire… à glisser dans un haïbun, un haïku.
Écrire fourmi. Ne pas écrire moucheron, surtout. Eux, ils n’aiment que les mots acides, grimaces citron. Est-ce pour cela qu’ils ne se posent (presque) jamais entre mes mots ? Trop bleus, trop mauves. Ils préfèrent me danser devant les yeux.
(7 Septembre 2017)