(Li)gature
LIGATURE
Au fouillis des ombres
le rouge d’une fleur-flamme
mon cœur plus léger
cardinal parti trop vite,
ma peine, a-t-il emporté ?
Photos de merles Maurice dans le pied mourong. Photo de lune (tout en haut du quadrilatère) aux moineaux (alignés sur le côté opposé)
J’ai aperçu un cardinal presque très rouge. Mais capter l’oiseau farouche à l’heure du regard et des doigts encore gourds d’avant café, relève d’une gageure impossible. Frustration ?
Si le ciel nous tombait sur la tête aujourd’hui, nous serions teints du plus bel azur. Consolation.
Le ton irrité de la femme qui fait crisser le gravier derrière la clôture. Elle ne s’exprime pas en français ; mais à l’intonation, on devine qu’elle ne parle pas du ciel par-dessus le toit, si bleu si calme. Plutôt de la contrariété du matin, celle que l’on rumine avant d’avoir pu (voulu ? su ?) défaire le gature qui l’amarrait à nous.
Gature : mot créole qui vient de ligature dont on a gommé la première syllabe (parce que non euphonique ?)
Pour moi, ce gature n’est qu’un brin de paille, une cordelette mal épissée de choka, une tige de graminée… entourant le paquet de brèdes. Facile à défaire, biodégradable.
Amis qui me lisez, ne liez pas vos peines d’un indestructible lien de plastique, ni d’un caoutchouc qui serre, enserre et dont on ne peut se débarrasser.
Le monde est si beau ce matin.
(13 Septembre 2017)
NB : le mot ligature est à prendre dans le sens de « action d’entourer d’un lien une plante, une greffe »