Des ronds dans mon dimanche
DES RONDS DANS MON DIMANCHE
Novembre
au jardin
flâner en rond
haïkus du dimanche
en panne
Mes mots : un… à… un sur le papier. Comme des ronds dans mon dimanche. Attendre les ricochets ; chaque lettre a son histoire.
D… non, d ; ne pas mettre de majuscules au nom de jour ou de mois.
i : ne pas oublier le point. Pas comme un coup de poing ; ne pas prendre le stylo pour un marteau-piqueur. Souvenir d’une de mes premières élèves au collège : Juliana qui trouait ses copies. Préférer la ponctuation douce d’une fourmi.
m : en haïtien, lettre qui remplace le « je »… ce que je déduis de ma lecture de poèmes en créole haïtien, une anthologie publiée par Actes Sud. J’ai glané à la préface : « La tradition de la poésie créole s’invente beaucoup plus dans le visible et l’infravisible de l’univers quotidien de tous, d’un tous à présent plus réel, avec le surréalisme, le réalisme socialiste, le réalisme magique, l’imagisme… ». À noter que le préfacier dit « créole » et non pas « créole haïtien ». Comme nous qui ne disons jamais « créole réunionnais ».
a : retour à l’origine, à la main qui trace, à la pensée qui inspire. Pause pour un souvenir. « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ».
n : s’appliquer pour qu’il ne ressemble pas au m et inversement. M, moi et n qui dit non, ni, néant. Autocensure ?
c : calligraphier soigneusement la petite queue de la lettre cursive (sur mon cahier, cela se voit) ; on l’oublie trop souvent. Enfin, JE l’oublie… qui d’autre se soucie d’écrire à la plume ? (Petite parenthèse : je ne trouve plus de cartouches d’encre violette. Fin de monde.)
h : elle ne se prononce pas (ne se lit pas), on pourrait l’omettre… inutile comme mes écrits. Lettre que j’aime, désuète comme une broderie sur le fade script. Et le casse-tête de l’aspirer ou pas. Pour haïku, je n’ai jamais su vraiment, la liaison se faisant ou non suivant l’inspiration. Le haïku… l’haïku ?
e : l’essai de la faire disparaître avec Perec, a tourné court. Lettre qui fait de la résistance, qui s’accroche. Lettre féminine… bénie soit-elle ! Sans elle, tout serait si désespérément masculin. Ne pas hésiter à la rajouter : auteure, professeure, docteure, ingénieure…
(19 novembre 2017)
NB : aurais-je inventé le haïbun-acrostiche… l’haïbun ?