J'ai cru voir passer
J’AI CRU VOIR PASSER
Rumeurs du lundi
Laisser le silence immerger
Mon haïku
Et le chant de l’oiseau rouge
Venu d’au-delà d’un rêve
J’ai cru voir un énorme oiseau rouge s’envoler du pied mourong…
J’ai cru… commencer ainsi une phrase, cela ne fait pas sérieux chez un écrivain — même un ti guiguine, un amateur —, on se dit tout de suite qu’il (elle) a la berlue, qu’il (elle) affabule. Aucune crédibilité ne lui sera accordée. Et pourtant, j’ai vu…
Dynamisons l’énoncé de l’intérieur, du sous-jacent :
Matin. Un énorme oiseau surgit du feuillage du pied mourong. Rouge coquelicot.
Ainsi ma journée pourrait-elle commencer sous de heureux auspices, conjonction bénéfique de la fleur et de l’oiseau.
Variante pour auteure nombriliste qui n’écrit qu’en mode selfie :
Matin. Un énorme oiseau coquelicot s’envole du pied mourong. Rêve effiloché de l’arbre majestueux ? Fantasme échappé de mes propres désirs : être oiseau, être coquelicot ?
Ah ! Un écrivain d’entre sept et huit se doit d’être percutant,… virgule en suspension. J’avais une liste d’adjectifs et voilà que je les ai perdus. « Si tu ne t’en souviens plus, c’est que ce n’était pas important »
Un écrivain se doit d’être sobre. C’est pour cela que Dieu a créé le haïku.
Du pied mourong
un oiseau rouge s’envole
avec nos rêves
(27 novembre 2017)