Course avec l'escargot
LA COURSE AVEC L’ESCARGOT
Crampe au mollet gauche
ce cliquètement d’ailes
je t’envie, oiseau
Aujourd’hui, mon père aurait eu 111 ans. C’est à l’âge qu’auraient (qu’ont) nos aînés que l’on mesure le mieux notre propre devenir vieux.
Les arbres, eux, toutes saisons d’ici, sont en perpétuel renouvellement de feuilles et de fleurs et ce gémissement dans les feuillages, ce n’est que le vent.
Les oiseaux, je ne sais pas. Ils vivent en bonne santé ou ils meurent ; j’imagine mal un moineau arthritique en plein ciel.
L’oiseau se confond
avec le feuillage
lumière du matin
J’aurais dû plutôt commencer par là, par cette image heureuse d’un ciel redevenu bleu.
Commencer par ces uit-uit un peu stridulants… Ne te cache pas cardinal, je sais qu’il ne s’agit pas d’un pépiement de moineau faisant le guet au-dessus du riz : un chat famélique rôdait tout à l’heure.
8 heures. Huit coups sonnant pendant que j’écris. Ah ! Il me semble ne pas en avoir compté autant.
Sonner les heures par deux, est-ce par mesure d’économie ? Cela ira bien pour les nombres pairs mais pour les nombres impairs… mon oreille devra-t-elle se contenter d’un demi-son ?
Il est possible aussi, qu’absorbée par mon écriture, je ne perçoive qu’un son sur deux. Écrire rallonge ainsi mes jours, en dépit des solstices.
Dérèglement dû à l’âge — décidément, le thème est récurrent, aujourd’hui ! Les jours de ceux qui vieillissent ne sont jamais trop longs. L’ennui que semblent éprouver les silhouettes ratatinées sur un banc au soleil, n’est que trompe-l’œil. Les manœuvres nécessaires pour se lever, faire un pas puis un autre, emplissent les journées de petits riens qui deviennent grandioses réalisations.
Rhumatismes
à petits pas gagner la course
contre l’escargot
(11 janvier 2018)