Les arbres m'appellent

Publié le par Monique MERABET

Les arbres m'appellent

LES ARBRES M’APPELLENT

 

 

 

Infos du dimanche

les hérissons disparaissent

marquer d’une croix

 

Ne pas marquer d’une pierre blanche, cependant. D’ailleurs, après l’avalasse abattue sur nous,  toutes les pierres de mon jardin ont pris cette teinte grisâtre de moisissure. Même (et surtout) les fragments de corail que je pose un peu partout… rappel que l’île est aussi née de la mer. Il faudrait les brosser.

Aucune autre tâche ne me vient à l’esprit. C’est dimanche, le jour de Dieu, le jour où l’Éternel se reposa de sa création. M’agacer de la mouche qui bourdonne, du balai du voisin…

Me focaliser sur les arbres, les herbes couchées ; les herbes m’appellent*. Pas pour me demander mon aide. Elles plient mais ne rompent pas et cela ne les gêne pas de pousser autrement. Seuls les arbres ont gardé trace du passage de la tempête : l’air un peu penché de l’araucaria, le papayer affalé sur la serre de la voisine, le pied mourong tout déplumé…

 

Le manguier sans mangue

comme si de rien n’était

racines gorgées d’eau

 

J’ai ramassé les mangues vertes tombées, inutilisables ; je m’étonne de l’air détaché qu’il affiche. Le regret est pour moi. L’arbre, lui, a la conscience tranquille : il a infusé ses courants de sève aussi souvent qu’il l’a fallu ; il a porté de lourdes grappes de fruits, transmis ses gènes de chair sucrée au cœur de chacun des noyaux. Le reste appartient au jardinier, aux oiseaux, aux escargots… au temps qui passe.

 

(21 janvier 2018)

 

*les herbes m’appellent, une ligne d’un haïku de Niji Fuyuno ; c’est aussi le titre d’un ouvrage que les Éditions Liroli ont consacré à la haijin disparue.

 

Fête du printemps —

Du fond de l’eau

Les herbes m’appellent            (Niji Fuyuno)

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Depuis quelques jours, le bruit des tronçonneuses. Ici, le sol est détrempé et le vent continue de détrôner les arbres.
Répondre
J
L'herbe m'appelle ... jolie expression derrière laquelle on met ce que l'on veut ! pour une sieste au soleil lorsqu'il daignera reprendre le travail ... Merci MOnique
Répondre
M
Tu as bien raison de "mettre ce que tu désires" derrière les mots. Ils sont faits pour ça. Et je vous souhaite le retour de ce soleil la malice qui a dû s'endormir sous sa couverture de nuages.