Manjé koudvan
MANJÉ KOUDVAN
Souffle de la nuit
tempête d’épiphanie
à égarer la lune
Violence des grains et cette impression d’être encagée au sein d’une nuit liquide, fénoir d’un abysse dont on se protège, drap rabattu sur la tête. Ne pas ouvrir la fenêtre surtout.
Cyclone et le système en surplace, pénétrant l’île longue au cœur des terres, fouaillant un peu plus Madagascar des tempêtes.
Ici, il suffit de s’asseoir sur la véranda, respirer la pluie, écrire, laisser surgir de riants souvenirs.
Tempête tropicale
le goût du manjé koudvan
le retrouverai-je ?
Ah ! Ces repas préparés dans la cuisine au feu de bois assaillie par les bourrasques… vacances d’été austral, autrefois.
La pluie chassait, pénétrait par portes et fenêtres mal assujetties, dégouttait par une fente des tôles du toit mal jointoyées. Le bois humide ne flambait pas, emplissant la pièce de fumée que le vent rabattait par le far-far faisant office de cheminée. La nénène se dépêchait de cuire le dîner, yeux larmoyants, toussant : « Marmay kosa zot i fé la ? »
Marmay regardait, marmay savourait les promesses d’un cari exceptionnel de pommes de terre mollies dans la graisse, un peu brûlées… boudivelle disait maman devant le plat raté. Moi, je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon.
Puis marmay suffoquait, se faisait rabrouer par la cuisinière, sorte dan mé pate, profitait d’une embellie pour traverser au pas de course le passage menant vers l’abri de la salle-à-manger.
Cris horrifiés de Grand-mère ; « Bann ti valal ! Zot la lèss la plui rantré é zot linj lé toute mouyé. Alé tiré pangar zot i guingne in refroidisman »
(7 janvier 2018)