Paysages d'épiphanie
PAYSAGES D’ÉPIPHANIE
Épiphanie
les paysages fondus
sous la pluie
Mur de brouillard derrière lequel les montagnes ont disparu. Je ne distingue plus que la façade aux volets marron et le parapluie ruisselant des cocotiers sémaphores, palmes repliées.
Les paysages changent sous la pluie, plus verts, débarrassés de leur poussière de sécheresse. L’été fait sa lessive cyclonique.
Au loin la basse continue des ravines bouillonnant jusqu’à la mer. Alé réspir lodër la mér ! La terre de lave a rendez-vous avec l’océan. Mon île n’oublie pas qu’elle est mer et volcan…
Cardinal
orange élavé
sous les gouttes
Bientôt le rouge plus vif pour une deuxième saison de nids. Chaleur des tropiques propice aux multiples périodes des amours, aux multiples floraisons, — pié mang la fleri sèt foi ? — nature généreuse qui donne sans compter ; ce matin, du balcon, j’ai cueilli la mangue mûre ; il a suffi l’embellie d’hier, le rayon fugace de soleil pour que lui apparaisse cette teinte dorée si appétissante.
Le cardinal a prélevé son gros grain de riz gorgé d’eau et s’éloigne de la mangeoire, vol rasant la clôture. Un petit saut lui permet d’éviter les pointes du métallique. Je me réjouis pour lui, oublie mon dos enchifrené par cette humidité qui perdure.
Je songe à la mare de Plouy, aux canards colverts qui y prennent leur quartier d’hivernation. Y a-t-il encore des poissons ? Il me semble que le héron les as tous avalés… Le héron a si gros appétit et la mare si petite.
Haïjins du bord de mare
la repeupler en poissons
et grenouilles…
Depuis si longtemps les guppys peuplent mes petits bassins faits de rien : une bassine, un bocal… quelques plantes aquatiques… Création.
Jour d’Épiphanie
sans une galette
la joie ! Oh ! La joie !
(7 janvier 2018)