Presque
PRESQUE
Mal au dos
petit margosier*
tout courbé
C’est là que le cardinal aime se poser. Je songe à la peinture japonaise qui pourrait le représenter : a priori, cela pourrait s’esquisser en quelques traits, la courbure du tronc, l’éventail (pointilliste ?) du feuillage, la tache rouge un peu floue de l’oiseau.
Dans ma tête, cela se dessine… presque. La main, elle, procrastine, n’ose pas, tant elle se sait malhabile.
Lance-toi, souffle l’ange moqueur. Qui ne risque rien n’a rien. Tu vis toujours dans l’appréhension, comme au réveil où tu crains, tu attends, tu provoques… cette douleur qui vient te cueillir à la dixième marche de l’escalier. Ce n’est pas cela, vivre !
L’ange-muse me convaincrait… presque.
Mais je le soupçonne d’attendre en misouk ma caricature pour se tordre de rire. Ah ! Je n’ai pas mes crayons de couleur à portée de main.
Et pourquoi ne pas utiliser la collection de stylos « écrivez-effacez-réécrivez que je me suis achetée pour les mots croisés.
Technique du peindre et effacer. Pourquoi pas ?
Pour m’inspirer, ce tercet de Danièle Corre (dans Enigme du sol et du corps )
Le cri sur la roche
Glisse vers des abîmes
Qu’on ne peut voir
Écrire en prenant appui sur le texte d’un autre, et tout devient plus facile.
À rapprocher aussi du « pinceau sans encre » pour une calligraphie qui « va passer mais aura été » dans Cendre et rosée de Monique Leroux-Serres.
Saupoudrer d’une pincée de Su Dongpo (poète chinois de l’An mil) :
« qui aurait pu croire qu’une légère tache rouge suffise à faire surgir un printemps sauvage ? »
Et mon tanka bien inspiré. Plagiat ou création ? Presque…
Épaisseur du trait
courbe pour laisser glisser
couleur de pensée
sur le petit margosier*
une tache cardinale
(10 janvier 2018)
*margosier ou margousier, neem, arbre venant de l’Inde qui se couvre de petites inflorescences très parfumées est commun à la Réunion où il a pu servir de bois pour les meubles.