Pluie qui rit, pluie qui pleure
PLUIE QUI RIT PLUIE QUI PLEURE
Musique des feuilles
après la pluie d’équinoxe
champs dévastés
Parlez-moi de pluie. Redites-moi le bruit des gouttes sur le gravier. Faites-moi oublier les averses de nuit cinglant la maison.
Et puis que dire encore de ce monde de vert et d’eau ?
L’équinoxe aujourd’hui. Printemps de mare aux canards, aux poules d’eau. Chanteront-ils le renouveau ? Automne d’arbre à pain, en larges limbes jaunes détachés. Fête d’escargots.
Même les nuages… trouées de bleu que saluent des trilles lointains. Mes mots, eux, ne sont que redites, brouillon. À jeter. On efface, on recommence.
Printemps d’écriture toujours renouvelée. Mais la fourmi, lasse d’attendre, se faufile en marge, s’échappe par la tranche du cahier. Elle n’aime pas la pluie ? Elle n’aime pas mes mots d’aujourd’hui ?
Carte satellite antravèr la karte
longue barre de Madagascar aguète Madagascar
attrape-cyclones in gobe koudvan
La tempête a laissé sur la grande île voisine son lot de morts, de cases détruites… Les secours prêts à s’envoler mais comment les acheminer au cœur de la terre sans routes, pistes défoncées…
Les fourmis se méfient de ma plume qui divague, ripe parfois, s’enlise — compassion ? — vers les malheurs des autres.
Écrire plutôt l’arc-en-ciel qui m’arrive dans ces images de danseuse, jeune fille toute en déliés et grâce… et ce visage grave et concentré sur le mouvement, la position à garder.
regard de ballerine
encore un soupçon d’enfance
corps presque femme
(20 mars 2018)