Cocoricos
COCORICOS
Vendredi
voix et pas qui courent
aboiements
Banal. C’est tout ce que peut m’offrir un vendredi 13 ?
Aujourd’hui est un jour en attente. Recevrai-je mes livres ? Comment seront-ils ?
Pas un oiseau pour me le dire.
Lo tan i kour… me disait cette amie, hier. Se rappeler les évènements d’hier, cela aide parfois à retrouver un fil d’écriture. Ou alors, laisser la page semi-blanche, inaboutie, en harmonie avec mon cerveau engourdi.
Pas même un nuage…
J’entends des coqs. Cocoricos de grasse matinée. Les coqs urbains — double sens : citadins et courtois — ne nous réveillent pas aux aurores. Cela serait mal perçu, plaintes du voisinage, égorgement, plumage, passage à la casserole, cari, civet, masalé ou au vin… et le pauvre petit riquiqui qui n’a rien eu, sauce, sauce, sauce dans la marmite.
Comptine de Grand-mère nous apprenant le nom des doigts de la main, tout en déclinant tout un destin de volaille :
Monsieur le pouce la tué
Monsieur l’index la plumé
Monsieur Majeur la fait cari
Monsieur l’annulaire la mangé
et le pauvre petit riquiqui…
Évènement de notre quotidien longtemps. Banalité d’une volaille la cour sacrifiée pour le repas de dimanche. Les enfants aidaient au plumage — Je me souviens encore de l’odeur des plumes ébouillantées — ou regardaient, fascinés, le méticuleux découpage.
Aujourd’hui, qui oserait encore une telle comptine ? Nous vivons l’éducativement correct. Cachez cette chair … sous la panure, nuggets, cela fait plus civilisé.
(13 avril 2018)