Les noces du diable
LES NOCES DU DIABLE
Sur le mur paressent
deux mouches au soleil
pluie en même temps
Se laisser surprendre par la pluie, ce matin. En ouvrant les volets, ciel bleu et quelques flaques dans la ruelle : La pluie, la nuit… Soleil au réveil !
Ma petite comptine aussitôt mise en défaut ; les gouttes reprennent leur chanson moqueuse. « Et ton linge, et ton linge, se mouille »
Le mur nu. Les mouches ne restent jamais longtemps en place, comme mes mots qui sautillent d’une idée à l’autre, changeant de sujet, hors sujet, impressions de l’instant ou du temps d’avant.
Oiseaux, je vous écris une lettre et le propre d’une lettre, n’est-il pas de décliner des propos légers, libre course du stylo sur la page lisse d’un nouveau cahier, fragments de ma vie, de leur vie. Moineaux et tourterelles, nous aurons bientôt des nouvelles de ses oiseaux, hirondelles ou poules d’eau.
La pluie et le soleil en même temps. Aucun des deux ne veut laisser la place à l’autre. Le feu et l’eau pour l’instant réconciliés.
« Le diable a tué sa femme pour se marier avec sa fille », c’est l’expression créole pour désigner cette conjonction du soleil et de la pluie. Variation outrée de « noces du diable » à l’italienne ou de la forme originelle « Le diable bat sa femme et marie sa fille »
L’histoire est amusante : Jupiter (le diable) voulant rendre sa femme jalouse afin qu’elle lui revienne, abat un arbre, y sculpte une statue de femme (Dédala) et fait courir le bruit qu’il va l’épouser. Naturellement, Junon accourt vitupérant et… découvre la supercherie. Et les époux divins se réconcilient, bien sûr.
Belle allégorie sur le climat : le feu et l’eau nous sont tous deux nécessaires mais ne doivent ni l’un ni l’autre perdurer, seuls, nous accablant alors de sécheresse ou d’inondation.
Le saviez-vous les oiseaux ?
(8 avril 2018)