L'automne sur la lune
L’AUTOMNE SUR LA LUNE
Pluie de mai
suivre un chemin d’escargot
serait-ce l’automne ?
Me lever avec la pluie. Gymkhana entre les gouttes cloquant les belles de nuit, pour rentrer la poubelle. Se mouiller les pieds dans l’herbe : jour de pluie, l’aventure au bout du jardin.
Bah ! Si j’étais allée sur la lune, le voyage serait-il davantage palpitant ? Flotter dans un habitacle bardé de technologie, de contraintes, dans l’inconfort de l’apesanteur (cf Tintin dans On a marché sur la lune).
Et là-bas, le désert, pas même une fleur pour marquer mon passage aux sélénites absents. Comme le visiteur d’autrefois (temps longtemps) qui piquait un rameau à travers les lattes du baro de l’ami, du parent que l’on avait raté. Bien entendu, il n’y aurait personne sur la lune, n’est-ce-pas ? Je m’égosillerais en vain — dans mon scaphandre… Oups — « Na poin pérsone ? na poin pérsone ? » en poussant la porte de la fusée, plutôt navette pour l’espoir de retour. Sinon… Brrr !
Jour de pluie
dans un chuintement mouillé
moineau sur le fil
Ce chant-gargouillis, je l’ai vécu ; je ne l’ai pas imaginé. Ou alors, ce sont mes oreilles qui se mettent à l’unisson de l’hygrométrie ambiante, captant le bruissement des gouttes et rien d’autre.
Dans l’avocatier,
un bulbul muet
ploc-ploc sur le carrelage
Le toit de la véranda fuit.
Je suis revenue à l’abri. Le voyage ne fait que commencer : ma journée… my journey.
(23 mai 2018)