Les visiteurs du jardin
LES VISITEURS DU JARDIN
(Note de l’auteur : j’ai hésité entre deux titres : LE JARDIN VISITÉ ou LES VISITEURS DU JARDIN mais comme nous sommes en plein festival de Cannes…)
Ces teintes qui me heurtent : violet et jaune (tendance caca d’oie) de mon chariot à commissions. Jamais dans la nature… Hum !
Harmonie du soir
jaune et verte sur sa tige
la chenille a grossi
Là-bas, dans le Limousin, un chevreuil est venu brouter en son jardin… qui demeure ébloui. Comme sanctifié. Le jardin a besoin de savoir qu’il fut forêt et broussailles, qu’il n’est pas uniquement objet d’ornement gazonnant ; il nourrit et protège aussi.
Lézard vert
à la tige de strelitzia
confondu
Ce ne seront pas les lézards qui me contrediront, ni les araignées ou les escargots hibernant sous les pots renversés. Ni tout ce qui s’accroche aux branches, se faufile à travers les feuilles sèches — je me garde bien de priver mon jardin de cette manne, futur humus, caches à trésors comme ces feuilles-dentelles aux limbes disparus, dévoilant la fine armature des nervures —, mêle ses sinueux chemins aux ramifications des racines.
Mon jardin est voyageur des saisons, courants de sève, envol de feuilles et de fleurs, de graines portées par le vent ou les oiseaux, bruissements…
Tout à l’heure j’irai voir si la feuille d’or du manguier est encore accrochée aux aiguilles du cryptoméria au-dessous. Première image étincelant au soleil du matin, dernière image luisant au clair de lune ou à la lumière du réverbère.
Je rêve parfois qu’un crapaud, un l’endormi, une espèce oubliée, vienne y prendre ses quartiers. Retour à l’Éden.
Crépuscule
à la fourche du manguier
le chat blanc
À quoi rêvent les jardins ?
(14 mai 2018)