Prendre le temps de ne rien faire
PRENDRE LE TEMPS DE NE RIEN FAIRE
Escargot du matin
aujourd’hui prendre le temps
de ne rien faire
Un matin d’après la pluie, décider de tout faire avec lenteur. « On fait assez vite ce qu’on fait bien » dit un adage, complétant le délicieux « festina lente » que je revendique comme devise.
Prendre le temps de feuilleter ce catalogue qui affiche « Tout livre est un voyage ». Choisir. Revenir sur ses choix : liste qui s’allonge pour une bibliothèque de pacotille destinée aux vacances.
Romans d’évasion, sentimentaux, que je ne méprise pas pourvu qu’ils soient correctement écrits et ne s’encombrent pas de ces fastidieuses pages pseudo érotiques dont abusent certains auteurs pour être dans l’air du temps.
Se sentir en vacance. Livres à emporter à la plage, murmure des filaos en accompagnement ou bien pour la balade sous les arbres, assise sur un tronc moussu, bruissement de feuilles ou d’insectes en sus.
Je ne sais pas résister — et pourquoi résister ? — à l’enchantement du parallélépipède qu’on ouvre et qu’on referme, qu’on feuillette, doigts en marque-page. Le livre est voyage, aventure.
Le livre est aliment pour l’écriture. Il me pousse souvent à mettre en scène mon propre scénario, ma propre construction… au-delà de ceux imaginés par l’auteur. Combien d’idées — farfelues ou lumineuses — me sont venues à la suite des mots d’un autre.
Quatre vers ont frappé à la porte :
le monde s’est ouvert
de multiples visages
dit la poète Danièle Corre dans Lorsque la parole s’étonne (éditions ASPECT)
Coins d’écriture que j’espère toujours voir assemblés un jour, publiés… sans rien faire toutefois pour hâter une telle réalisation. Procrastination… Syndrome de la princesse-grenouille des contes russes, capable de coudre les plus beaux vêtements, de cuire les pâtisseries les plus savoureuses, en dispersant négligemment les éléments (fils ou farine) à la nuit.
Pendant mon sommeil
une rose a déchiffonné
ses pétales
(24 mai 2018)