Jeux exotiques
JEUX EXOTIQUES
L’ombre du jaquier
cinq petites filles cousent
leurs robes de feuilles
Le temps d’un café. le temps d’écriture coincé entre le réveil — Ah ! Ne pas s’éveiller encore… — et les courses à programmer, urgence, se hâter.
Pas le temps de rêver ; le robinet mal refermé accentue le tempo du temps qui passe. Oh mon Dieu ! La demie…
Une fourmi vient caresser la maigre guirlande des lettres déversées sur le cahier ; puis elle se prend à la manche de mon gilet, petite laine de saison qui ne sert pas à grand-chose puisque le temps météo a tendu sa couverte de nuages au-dessus.
Laisse béton…
Allons voir ailleurs, plus loin ; remontons le temps à la suite de ce haïku destiné à illustrer une strophe du poème d’Apollinaire : Les femmes
Dans la maison du vigneron les femmes cousent
Les femmes, bien entendu. Qui font le café aussi et papotent sur le mariage de Gertrude et Martin…
Ma mémoire ramène le groupe des cousines des vacances d’été, assemblant les feuilles luisantes du jaquier pour en faire des espèces de tuniques. Nos points de couture en brindilles, en épines.
Au début j’avais écrit : robes de mariées en Ligne 3. Les tenues de mariées, ou des dames du cortège, étaient les seules tenues d’apparat que nous connaissions. Les princesses, les sirènes… restaient cantonnées aux histoires des livres.
Nous jouions tikaz, reproduisant fidèlement les modèles des femmes de ce temps là, mères tantes, nénènes : la cuisine, le ménage, la couture, l’élevage des poupées, le jardinage…
et les mariages. Nos jeux étaient cent pour cent réunionnais. Péi, pas dëor !
(4 juin 2018)