La tache du jour
LA TACHE DU JOUR
Ciel gris uniforme
nébuleuse du sucre roux
sur mon café
La tache du jour. Celle du café se réduit à un filament, une plume, marquage insignifiant. Les chemins argentés des escargots sur la feuille de courgette ont des entrelacs plus intéressants… trop complexes à déchiffrer, cependant.
Retourner à la photo prise à la large feuille du tibaobab ; la tourner dans tous les sens, jusqu’à cet aspect rupestre d’un renne (ou d’un élan) gravé.
Une journée se tisse de ces choix infimes : attendre l’oiseau ou contempler le vol des moucherons. J’aime cette insignifiance qui nous ancre à notre juste place dans l’Amen des êtres vivants.
Il n’est pas nécessaire de viser plus haute gloire que celle du caillou dans l’anonymat d’un tas de gravillon. Indifférencié. Sauf s’il nous a fait trébucher dans le passage. La bien connue goutte d’eau qui fait déborder le vase et nous ramène à la conscience de son individualité.
Dimanche immobile. Le vent s’est apaisé. Faut-il compter sur le gris (prometteur ?) du ciel pour l’arrosage du jardin ? Faut-il le provoquer, dérouler le tuyau… et se retrouver sous l’averse ? Jouer avec le temps (météorologique), parier avec le vent ?
Faut-il me mettre à chanter faux, voix un peu chevrotante qui n’a pas servi depuis longtemps ?
Chanter… non ! Cela ferait fuir les derniers oiseaux. Notes sur la portée de fils électriques. Soleil reviendras-tu ?
Nous t’avons vu hier.
(27 mai 2018)