Tous les professeurs

Publié le par Monique MERABET

Tous les professeurs

TOUS LES PROFESSEURS

 

 

 

Écoutant l’oiseau

je n’apprends pas à chanter

mais sa joie…

 

Le sujet de Philo du Bac 18 que j’aurais choisi : La culture nous rend-elle plus humains ?

Qu’en pensez-vous les oiseaux ?

Qu’est-ce que la culture, me demandez-vous ? Un truc d’humain difficile à définir comme tous les concepts humains. Un ensemble de choses qu’on apprend, qui ne nous servent pas forcément dans notre quotidien, qui ne sont pas indispensables à notre survie. Mais là, j’emploie un raccourci un peu réducteur. Faut-il argumenter davantage sur la culture, Monsieur le Professeur ? Au risque d’être hors-sujet…

La culture… c’est peut-être juste de savoir lire et de s’ouvrir le monde dans sa diversité aléatoire. Lire ? Non, même pas. Plutôt user de la Parole, celle écoutée, échangée, venue des sages et des dieux.

Enfin, n’en déplaise à Notre-Dame Laïcité, de Dieu. Les dieux multiples n’ont appris que la folie aux hommes — ou bien les humains les ont-ils inventés, justement pour être dépositaires de leurs dérèglements — l’agressivité, la colère, la haine, la vengeance, le droit du plus fort.

Je me souviens de la jeune maman redécouvrant avec ses enfants les sanglants épisodes des mythologies. Et la Bible, dite sainte, n’est pas en reste dans son ancien Testament… Cette culture-là, rend-elle meilleure ?

Ah ! Pourquoi n’apprend-on pas la philosophie aux enfants ? Le respect de soi, de la terre et de tous les êtres qui y vivent, les valeurs de solidarité, de compassion, la maîtrise de son agressivité, la joie et la résilience… et la pratique du haïku !

Rêve pieux… Oui, cette culture-là nous rendrait plus humains.

Et la mathématique dans tout ça ? Celle que j’ai eu tant plaisir à enseigner :

Que j’aime à faire apprendre ce savoir utile aux sages*…

(* en comptant le nombre de lettres de chaque mot, on aboutit à la liste de quelques décimales du nombre Pi : 3,1415926535… Parenthèse que je gommerais de ma dissertation. Attention ! Faut pas rigoler avec les correcteurs du bac !)

 

Rencontre avec une ancienne élève : la quarantaine, elle vient d’opérer sa reconversion professionnelle — sans doute est-elle bardée de diplômes — en professeur d’anglais. Elle exulte :

« Je ne vous remercierai jamais assez, vous et tous les professeurs qui m’avez donné le goût et le sens de la réflexion et de l’effort ; vous m’avez aidé à me construire. J’étais nulle en maths, vous savez — Je me récrie, je me souviens d’elle comme d’une bonne élève — il me fallait tellement de travail pour décrocher une note honorable. Mais je ne regrette pas : la rigueur mathématique m’a bien servie même si mes études ont été plutôt littéraires. » Et elle ajoute, les yeux brillants : « Aujourd’hui, je voudrais être un aussi bon professeur que vous l’avez été pour moi. »

Émotion causée par cette reconnaissance de mes faibles capacités à changer le monde… à le rendre plus humain pour cette jeune femme, pour ses élèves ? Elle sera un bon professeur, j’en ai la certitude.

Elle saura jouer son rôle de transmettre une « culture », d’apporter sa pierre dans la construction d’un monde meilleur.

L’histoire de cette petite graine mise en terre et qui germe et qui croît « nuit et jour, qu’il [le semeur] dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment » dit l’Évangile (Marc 4)

Et les belles rencontres de ma vie.

 

(18 juin 2018)

 

 

Publié dans Evènements

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