Bâtir une journée
BÂTIR UNE JOURNÉE
Les oiseaux s’attrapent
autour du réverbère
bâtir ma journée
Cliquètements en vibrato des martins. Cette tache lie-de-vin tout en haut du manguier, en forme de cœur. Les pas pressés du lundi dans la ruelle. La journée commence.
Lui bâtir une trame à l’aide de ces quelques touches éparses : couleurs, sons et bientôt le parfum du buis de Chine en boutons… ne pas toucher au vieux chat blanc pelé, couvert de croûtes et qui vient chercher un peu de compagnie près de mon réchaud, Oh my god ! ont crié les enfants jadis ses si gentils admirateurs, retrouver le goût des abricots…
Comme ces points à relier afin de découvrir l’animal caché. Comme un peintre qui commencerait son tableau en pitaclant sa toile de taches, dans l’espoir de voir se constituer peu à peu un paysage, un portrait.
Syndrome de peintre-grenouille, celle qui, devenue princesse, éparpille les fournitures dans la nuit et obtient au matin, le caftan le plus richement brodé, le pain le plus moelleux : conte russe qui n’a pas fini de m’émerveiller.
Ma contribution en trompe-l’œil aux délires footballistiques qui emplissent le monde aujourd’hui.
Ma journée se remplira de sensations simples et légères, de pensées amicales — comment vont les malades ? — de petites tâches sans importance. Et d’écriture, de lectures et relectures, m’arrêtant sur une glane de sujets à méditer.
Parmi les ombres
vertes du papyrus
un bâton noueux
(18 juin 2018)