Cadrans solaires aux oiseaux

Publié le par Monique MERABET

Cadrans solaires aux oiseaux

CADRAN SOLAIRE AUX OISEAUX

 

 

 

Envol d’oiseaux

marquant l’heure du réveil

qu’importe leurs noms !

 

Sur le mur écaillé, les moisissures simulent une autruche. Suivant mon angle de vision l’oiseau semble avoir la tête au bas du dos. Le mur-ubac qui ne reçoit jamais le soleil (plus précisément, je ne le vois jamais au soleil) révèle ses fresques à mon regard en vacuité.

C’est ma présence (non présence) qui régit la vision ; c’est ma position qui en détermine la perspective.

Rêver de plus en plus à ce pèlerinage du temps, à la recherche des cadrans solaires. Établir la liste des villes qui en sont pourvues : pierre nue, marbre ou sable, gravures de fleurs d’animaux, de personnages ou simple bâton. Gnomon.

Cadrans décorés d’oiseaux, pourquoi pas ? Coucou ! Coucou ! De l’alouette du matin à la chouette du crépuscule, dans le sens des aiguilles d’une montre… à moins de tout mettre sens dessus dessous, lève-tôt, couche-tard.

L’alouette et la chouette, venues sous ma plume, ne sont que des oiseaux fantasmés : je ne les vois jamais dans le ciel réunionnais. Toujours ce syndrome de sak i vien dëor, sa lé méyër mon zanfan. (ce qui vient d’ailleurs, c’est mieux, mon enfant)

Pourquoi ne pas choisir plutôt l’oiseau-lunettes de l’aube qui engazouille le manguier et les moineaux qui s’abattent le soir pour recueillir les miettes laissées par les pique-niqueurs, bulbul de cinq heures l’après-midi, qui vient chanter sur le balcon ?

Les oiseaux de mes heures : oiseau-lunettes, moineau, pigeon, moineau, tourterelle, moineau, bulbul, moineau, martin, moineau. Un son bref au clocher vient de marquer la demie, à peine plus précise qu’un cadran solaire d’un jour gris.

Je pourrais aussi ressusciter les oiseaux perdus de l’Eden, quand l’île était Dina morgabim, england forest* : perroquet, oiseau bleu, pigeon rose, dodo, aigrette, cormoran, sarcelle, hibou de Gruchet, huppe de Bourbon… noms égrappés à l’ouvrage de Jean-Michel Probst et Pierre Brial, Récits anciens de naturalistes à l’île Bourbon.

 

(17 juillet 2018)

 

*noms qu’a porté l’actuelle Réunion au cours des siècles : Dina Morgabim (l’île de l’Ouest) donné au XIIe siècle par les Arabes, England Forest, c’est ainsi que l’a rebaptisée un forban anglais au XVIIe siècle

Publié dans Habiller la lune

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article