Fais comme le nuage

Publié le par Monique MERABET

Fais comme le nuage

FAIS COMME LE NUAGE

 

 

 

Contre le mur d’en face

le papyrus a fleuri

nuages d’aout

 

Écrire comme font les nuages, sur le palimpseste du ciel : tant de signes, tant de beauté, tant de poésie, apparaissent et disparaissent au gré du vent.

Rester écrivain dan l’invisibilité. Demeurer à bâiller aux nues. Admirer ce qui s’inscrit là-haut. me dire que j’y suis peut-être pour quelque chose : ce petit bout de brume, là, cette esquisse d’oiseau, cette fresque, ce chien roulant dans la neige… tout ce qui bouge, court, s’arrête, se transforme et que j’essaie en vain de fixer par une photo.

Le ciel est incunable, aussi. Précieux velin qui porte les formes de mes pensées, qui les achemine ailleurs, outre horizon.

Plus vite qu’un texto. Comme ceux que mes doigts malhabiles envoient laborieusement , lettre après lettre : un coup, A, deux coups, B, trois coups, C…

Et voilà que sur leur smartphone, énième génération, une application permet d’émettre un message vocal qui se transcrit immédiatement à l’écrit.

Je songe aux enfants de demain qui n’auront plus la nécessité d’écrire, pas même un taptaptap sur un clavier… mais, ma fiy, vi koné pa toute lé an taktil coméla ?

I have a dream. J’ai rêvé d’être écrivain — stylo encre bleue, encre mauve — la meilleure façon de résister au temps.

J’aurai vécu puisque j’aurai écrit.

 

(10 août 2018)

Publié dans Habiller la lune

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