La fleur qui dansait
LA FLEUR QUI DANSAIT
Une fleur se met à danser. Sans attendre le vent. Marionnette de pétales tournoyant dans le vert du cœur-de-bœuf. L’envie de la photographier avant la chute, l’ajouter à ma collection de clichés insolites. Petit clin d’œil de fée en mon jardin.
Matin de mi-septembre
voir le liseron danser
tite fleur fanée
Las ! Une fois mon appareil en main, je ne retrouve plus la jupe de la danseuse. Est-ce ce chiffon blanchâtre ? Cliquer sur une image entre nostalgie et joie.
C’est l’allégresse qui prédomine sous ce ciel bleu péruvien — ou bolivien — réminiscence de vacances andines, il y a longtemps, longtemps.
Valse mélancolique et langoureux vertige
Me laisser bercer entre deux sensations, matin fait de silence et d’oiseaux. mais le chant de l’oiseau ne blesse pas le silence ; il le sanctifie.
Quand tout se tait autour de soi, on entend mieux les pépiements et le souffle des feuilles qu’agite la brise ou un chat qui passe.
Sur la nappe cirée, je suis les évolutions des moucherons : patineurs qui s’élancent et qui décollent, triple ou quadruple axel qui ne retombe jamais.
Tiens ! Je ne vois plus la fleur-flamme à côté du papyrus ; la lumière vagabonde entraîne mon regard vers l’ombre où la corolle ne s’est pas entièrement déployée.
Voir s’ouvrir une fleur, pétale après pétale : mon rêve secret de croqueuse d’instants. À quoi bon ?, souligne èmegé, tu ne saurais décrire d’un haïku ce mouvement si fugace. Encore moins le prendre en photo. Les mots ne peuvent montrer que l’avant ou l’après.
(15 septembre 2018)