Mon blog obsolète
LE BLOG OBSOLÈTE
Silence
des oiseaux
un chat passe
L’équivalent de notre ange qui passe, marquant un blanc dans la conversation. Et ce blanc sur la page blanche, comment l’appelle-t-on ? Non-dit, amnésie, manque d’inspiration ? Je préfère dire pudiquement : « Je fais une pause, je réfléchis. »
Oui… pas trop longtemps. J’ai mon blog à alimenter. Que diraient mes lecteurs si je me mettais en panne ? Je me sens tellement responsable… D’ailleurs le premier principe auquel souscrit un blogueur, c’est qu’il est entièrement responsable de ce qu’il écrit.
Et pour l’inspiration défaillante, mon hébergeur de blog vient à mon secours et me propose dix sujets (10, oui, pas un de moins) pour la rentrée (je suis rentrée ?). Des trucs très exaltants, très ingénieux comme raconter ses vacances, faire une liste de ses résolutions pour la reprise… Où vont-ils chercher tout ça ?
La liste, c’est quelque chose de très branché, actuellement : la liste des livres que vous lisez, lirez, ne lirez pas… barrer la mention inutile, la liste des cadeaux pour Noël, etc. Du Sei Shônagon au rabais ? La noble dame dressant la liste des « choses qui font battre le cœur », « choses qui font naître un doux souvenir du passé », « choses qui égayent le cœur »… cela a quand même plus d’allure. C’est d’ailleurs ce que l’on nous avait suggéré comme modèle au cours d’un atelier d’écriture… Cela voudrait-il dire qu’écrire sur blog, c’est faire de la littérature ?
Je m’imagine mal, cependant, Dame Shônagon tapotant sur son portable posé à même les draps (de soie ?). Z’avez pas peur de mettre le feu au lit, ô insensés ! Autrefois, fallait faire attention à la cendre toute chaude tombant de la cigarette… le monde change.
Et mon blog, un tantinet obsolète avec ses haïbuns de fleurs et d’oiseaux ! Mon blog looser, il ne sera jamais au top des blogs, lui qui ne met jamais le moindre pixel sur un réseaux sociaux.
À tout prendre, je préfère m’inspirer d’un psaume, « Acclamez le Seigneur, terre entière… », prendre de la distance avec ce monde rabougri, nombril de blogueur à qui l’on suggère de « faire découvrir son espace de travail » (sic).
Petite question frappée au poinçon de l’obsolescence : pourquoi écrire quand on n’a rien à dire ?
(18 septembre 2018)