Ombres sans couleur
OMBRES SANS COULEURS
Ombres de feuillages
sur le mur, tous les verts
se confondent
Démêler l’écheveau des ombres du benjoin : une mouche monstrueuse lestée de toutes les calamités, tsetse, frelon, charbon, asticots, aedes,… L’insecte émissaire !
Holà ! La vie, quand même ! La grosse mouche palpite, à cause du vent, à cause de l’air qui emplit mes poumons.
L’insecte, plaqué au mur, toujours à la même place. Les mêmes mots accueillant le matin ; désenchantés, désenchantant.
Le ciel est d’un bleu si bleu, cependant… détacher mes yeux de la tache sombre ; la laisser s’agripper au béton, indélébile tant que règnera la lumière.
Je suis vivante. Je peux mettre un pied devant l’autre et avancer. Mon ombre me précédant, de préférence. Je n’aime pas cette sensation sur la nuque, celle désagréable d’une menace, un couteau abattu soudain. Ah ! Je lis trop de romans fantasy, trop de cadavres qui se relèvent, la tête sous le bras.
Je suis de bleu, vêtue . Coïncidence ? Appel ? Appeau pour m’attirer la grâce d’un ciel d’azur ?
Le ciel est indigo. Lapis-lazuli ? Turquoise ? Réverbération secrète de ces gemmes broyées au mortier des peintres autrefois. Élaborer une teinte bien à soi : le vert Véronèse contient-il une pincée d’émeraude ?
Revenir au vert chatoyant d’une feuille songe, la lumière en coupe.
L’ombre ne rêve-t-elle pas d’une coloration, parfois ? Y a-t-il une nuance de gris entre le vert papyrus et le vert benjoin, une fois qu’ils sont aplatis sur le mur ? Devenir coloriste en ombres.
Ombres grises
mon œil y superpose le vert
du lézard
(14 septembre 2018)