Et le cardinal s'envola
ET LE CARDINAL S’ENVOLA
Café répandu
robinet qui n’arrête pas
de goutter
Et de l’eau tombée sur ma page. Liste des choses qui agacent : rien de pire pour commencer une journée. Si le bleu sérénité de l’encre se dilue, que restera-t-il de mes mots ?
Attendre l’instant meilleur qui viendra.
Feuille jaune
en haut de l’arbre à pain
suspension
Je bois mon café en crabe pour que le liquide tombé dans la soucoupe ne vienne pas tacher mes lignes : tasse tenue au-dessus du carrelage — déjà sale, Pfff ! — corps en demi-torsion inconfortable. Attention ! Ne pas poser les pieds par terre… Sire Chat est d’humeur griffeuse ce matin.
Un moucheron me passe devant les yeux. Devant, pas dedans, j’espère.
Moucheron parti
envahissant mes tympans
le floc d’une goutte
Hier, le cardinal. Ciel couvert de fin d’après-midi. J’ânonne cette histoire soporifique de nymphes possédant chacun une fleur à la place du cœur… Que fait cette fleur rouge sur le fil du téléphone se demande ma vision embrumée ? Vient-elle du jardin d’en face, une rose que mon sens faussé de la perspective rapprocherait de chez moi ?
Et le cardinal s’envola. J’ai repris ma lecture ; je l’ai l’interrompue.
Mangue ma sœur mangue
n’as-tu pas vu le mâle rouge
en tes feuillages ?
Les martins voraces n’ont laissé qu’un noyau blanchi.
(7 novembre 2018)