Mots-veilleuse
MOTS VEILLEUSE
Noël sous la pluie
un moineau pirouette
et salue
Rai de soleil. Noël après la giboulée de pétards et de fusées de la minuit. À chacun son feu d’artifice portable. Pour commémorer quoi ? La fête et les cadeaux de l’année dernière ?
Pour annoncer quoi ? Comment une fête païenne (Saturnales) est devenue chrétienne (Noël) et comment elle redevient païenne.
L’impression ineffable d’être la seule à me réveiller ce matin. Silence.
Silence qui perdure à la lecture du texte magnifique qui ouvre l’évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe… ». Recherche de l’identité de Dieu… Chaque parole à méditer.
En complément, ce texte du prophète Isaïe : « Comme ils sont beaux sur les montagnes,/les pas du messager… »
Messagers, guetteurs, veilleurs, les mots du poète ne le sont-ils pas ? Mots-veilleuse qui tiennent lampe allumée, même en plein jour : « Lampe allumée en plein jour », ainsi se définit l’ermite-poète Ryokan.
Dire cette lumière que « n’arrêteront pas les ténèbres », celle de la vie.
Mots-veilleuse aussi pour arrêter les peurs : celle de mourir, de vieillir, celle du lendemain… celle de ne pas être à la hauteur, de ne pas remplir efficacement sa mission de guide vers la paix et la joie.
Mots d’écrivains comme des pas, des empreintes. Et s’ils ne peuvent s’élever jusqu’aux montagnes, qu’ils tracent un chemin sur le sable ruisselant, procession que verra l’enfant, qu’il suivra juste avant la montée des flots. Juste avant l(effacement.
Surfant sur le net
j’ai adopté un corail
veille de Noël
(25 décembre 2019)