Mirages
MIRAGES
Si petit jardin
une seule fleur suffit
pour mon univers
Liberté de l’oiseau qui chante au loin… Rien n’a changé, il m’emmène toujours dans son ailleurs.
Le bulbul perché au faîte du manguier s’envole avant que je le photographie. Comme toujours, l’oiseau-la-malice n’attend pas la fin de mes tergiversations.
Le monde est mirage comme il l’a été de tout temps. D’où me vient cette sensation de confinement moi qui demeure enclose en ce jardin, sans dépasser les limites d’un caillou d’île ?
Nous avons toujours pris pour réalité, cette illusion de pouvoir sillonner le monde à notre guise.
Ah ! Qu’avons-nous à regretter ? Qu’avons-nous donc vu de l’herbe piétinée sur notre chemin ? Qu’avons-nous entendu des cantilènes des feuilles au-dessus de nos têtes ? Nos existences pressées, conditionnées en métro-boulot-dodo — avons-nous oublié ? — ne nous ont laissé que le loisir de maugréer après le ménage et les courses du weekend, que l’envie de rentrer chez soi, de se recroqueviller sous la couette ou de s’affaler sur le sofa du salon-télé, de laisser le monde s’agiter ailleurs, autre rue, autre hémisphère, autre vie…
Aujourd’hui, nous voilà miroirs des réalités que nous avons créées, que nous avons fait naître. responsables sommes-nous et nos responsabilités nous reviennent en boomerang entre quatre murs.
Ce coin de ciel
la migration des nuages
l’ai-je créée ?
Toute création (enfant ou œuvre d’art) est réciprocité, un jeu interactif, meccano aux pièces à inventer.
Y croire, y croire encore. Naîveté et lucidité mêlées. Faire glisser ces instants au fil de ma plume.
Nora in jour i apèl domin.
Derrière le rideau
la cétoine fait le mort
survivre...
(Petit journal de confinement, 17 mars 2020)