Cette Malaisie lah!

Publié le par Monique MERABET

Cette Malaisie lah!

CETTE MALAISIE LAH

(Patricia Houéfa Grange)

 

Voyage… Évasion… nos désirs d’ailleurs mis un peu en pénitence en ces temps de confinement, d’isolement.

Et pourtant, cela ne signifie pas repli sur soi : voyager, s’évader est toujours à notre portée. Ouvrir un livre, un album, un carnet de voyage.

Celui que je vous propose est un joli « Carnet de déambulation en prose pantounée » ainsi que le décrit son auteure Patricia Houéfa Grange : Cette Malaisie lah ! publié chez GOPE éditions.

Le pantoun malais dont Patricia Grange accompagne ses notes de voyage est un poème court (quatrain) dont l’auteure est friande et dont elle joue en virtuose et c’est donc aux sources qu’elle est allée à sa rencontre.

 

Éclats de rires et fumets de grillades

Bukit Bintang fait la fête

L’étrangère déambule en promenade

Cœur qui tangue à fleur de quête.

 

Belle déambulation où chantent les noms des lieux visités : Kuala Lumpur, Penang, Ipoh, Cameron Highlands, Gunung Brichang, Malaka, Selangor, etc… Pour ceux qui ont peur de s’y perdre et d’y perdre le nord, une carte est fournie, un itinéraire jalonné de papillons. Pour rappel le blog de Patricia s’intitule http://www.papillonsdemots.fr/

 

Balade à travers les rues, les atmosphères que Patricia Grange capte, tous sens déployés. « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». À sa suite, nous voilà pourvus d’une kyrielle de mots colorés, acidulés, à faire claquer ou à laisser fondre lentement comme bonbons.

La fête des sonorités de la langue malaise que Patricia prend plaisir à scander.

 

La fête bat et résonne

Dans les nuits de Penang

Le malais claque et sonne

Sur le bout de la langue

 

Plaisir de mon propre voyage s’insinuant dans « cette Malaisie lah » !

« lah est ce petit intensif malais à placer partout où nécessaire qui vous signe un Malaisien aussi infailliblement qu’en un certain pays les Français seraient surnommés ouh lala » dit la préface de Georges Voisset.

Il est vrai qu’on a envie de s’exclamer à chaque étape, à chaque paysage, à chaque saveur découverts.

J’aime le voyage sous l’égide de Patricia Grange ; il nous donne tellement à ressentir car l’auteure habite ces villes, ces rues, ces mets, ces bruits, les sort de leur exotisme touristique trop superficiel. Comme elle, nous ressentons les êtres et les choses du dedans, leur âme.

« Selangor j’ai habité la nuit de ta peau » susurre-t-elle. « Absorber le moment de toutes ses fibres, de chacun de ses pores » … Ainsi va la voyageuse qui finit par trouver le havre qu’elle aimerait habiter, Melaka : « De toutes les villes traversées c’est celle qui me ressemble le plus ». Et elle sait où sont ses attaches. Melaka, elle la compare à Bordeaux « qui lui colle à la peau » ; elle y retrouve aussi un peu de son pays de naissance, le Bénin.

 

« À des dizaines de milliers de kilomètres du petit pays d’Afrique où je suis née, un petit pays d’Asie m’a rendu une partie de moi-même. Tout en m’offrant des couleurs, des saveurs et des odeurs qui lui sont propres. »

 

Philosophie du voyage qui lui donne toute sa richesse. Et moi, loin de la Malaisie, loin de Bordeaux, loin de Cotonou, j’ai vibré à toutes les péripéties de son parcours… et avec cette citation, me voilà revenue aux premières pages du carnet de Patricia, presque sans m’en apercevoir. J’ai adopté ses sauts de puce, confortablement installée, hors des fatigues des déplacements, des attentes en aéroports… Je n’ai qu’à me laisser emporter par ses impressions auxquelles se mêlent les miennes. Au hasard des pages feuilletées, je suis prête à retrouver : Kuala Lumpur, Penang, Ipoh, Cameron Highlands, Gunung Brichang, Malaka, Selangor, etc .

Juste un au revoir murmuré sur le pantoun de clôture :

 

 

 

(Monique Merabet 29 avril 2020)

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