Face à la mer
FACE À LA MER
Jacuzzi pour galets
toujours la même distance
entre la mer et moi
La mer d’hier pourra peut-être ragaillardir mon lundi qui s’enlise. Ce matin pourtant, nuaj nou néna, sièl blè nou néna. Et chants des oiseaux, et fleurs buissonnières du jasmin d’Inde…
L’eau, l’air ; la lumière, les galets. Le poème d’Esther Granek
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets
caresses d’eau, de vents et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert
N’y entrera que le soleil léger
Impressions, sensations à saisir, images à faire renaître.
Tiens ! Les nuages ont changé d’aspect ; de flocons compacts, ils sont devenus filaments comme coton ou laine cardés.
Relire un poème de Kenneth White. Il doit servir de support à un cycle de haïkus : piocher parmi les mots de l’autre et écrire son propre poème. Utiliser les mots du poète, cela veut dire aussi « entrer » dans son univers : un monde ouvert même s’il est étranger à mon environnement réunionnais : arbres gelés, dernières pommes, bouleaux blancs, glands, bois d’hiver.
Vaudrait-il mieux adapter les éléments à mes saisons particulières ? Dernières mangues tombées à la fin de l’été, le sol recouvert d’herbe jaunie, les arbres toujours verts, le grain de jaque qui germe…
Ah ! Kenneth White parle aussi de livres, notre font commun (f-o-n-t comme aux fonts baptismaux)
Avant les livres
l’écorce des bouleaux blancs
comme après les livres
Livres de côté
ma cervelle ouverte au vent
tout à coup je sus
(29 juin 2020)