Fluidité

Publié le par Monique MERABET

Fluidité

FLUIDITÉ

 

 

 

Ombre des ailes

rayant la lumière du mur

où est passé l’oiseau ?

 

Regarder fleurir les roses et les œillets : couleurs pastel ou vives. Toujours nuancées, ombrées comme le fil coton perlé qui servait à nos broderies.

L’art de la broderie, de la tapisserie (point de croix ou demi point)… rien que pour le plaisir de voir les teintes s’étaler, remplir la toile de ramages, de laisser s’étirer les chemins de tiges, de contours.

Apprécier les contrastes, l’éclat d’un lantana jaune d’or, ici et maintenant.

Mon désir larvé d’être peintre, de passer outre le blocage de mes doigts, leur incapacité à créer… Je suis fascinée par un tableau de Rothko, tant de fluidité dans un paysage de ciel et d’oiseau.

Atteindre cette osmose dans l’écriture aussi. Je crois en l’unicité de l’art. « Les parfums, les couleurs et les sons… »

Le peintre, le sculpteur, le musicien, racontent une histoire. le poète, le romancier, font naître des images, une couleur, une musique.

 

« N’est-ce pas la tâche du romancier de nous rendre sensible ce fluide élément changeant et inconnu, sans limites précises, si aberrant et complexe qu’il se puisse montrer, en y mêlant aussi peu que possible l’étranger et l’extérieur » (Marc Rothko)

 

L’écrivain, au fond, n’est écrivain que dans la mesure où il arrive àrendre évidente cette synesthésie. Qu’il essaie, tout au moins.

Ah ! Peut-être se cantonner aux trois lignes d’un haïku, exprimer tout ce que renferme un instant, sans déborder des dix-sept syllabes… quelque chose de fluide et d’illimité puisqu’il est au confluent des imaginaires de l’auteur et du lecteur.

 

Mauve de l’ail

se fondant au vert des feuilles

où est passée l’ombre ?

 

Emportée par l’oiseau ?

 

(5 août 2020)

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