L'île aux merveilles
L’ÎLE AUX MERVEILLES
Jour de pluie
regarder vieillir
l’hortensia
Couleurs de pluie pour réveiller mon jeudi. Bruit des gouttes se mêlant aux pépiements. Odeur de pétrichor, celle de la terre du dessous, celle de la vie ressuscitée d’une longue infertilité. Notre hiver austral vient juste de se terminer.
Foisonnement de pousses que je ne reconnais pas encore, « mauvaises herbes » ou trésors en latence : peut-être un pied de tomate, de lastron, de brède morelle… plante potagère que je m’efforcerai de cultiver. Ou alors, une fleur qui restera innommée, flamme rouge, étoile blanche, ti-roulète… Chaque saison a la sienne et je ne me lasse pas de la photographier, de la raconter.
Passe la saison
et je ne sais toujours pas
le nom de la plante
Qu’importe ! Ce n’est pas mon rôle de répertorier, de décrire. La beauté se vit au sein de la nature, pas dans les mots. « L’île aux merveilles » où je suis censée habiter, comme le suggère un tweet amical, se trouve au bout de nos sens mis en éveil. N’importe quand, n’importe où, pour quiconque.
Les mots, essentiels cependant, pour le partage des émotions, des sensations, des souvenirs. Ces mots qui disent et colportent toujours quelque chose de leur auteur.
Le chat accroupi
devant l’écuelle vide
pousse au papyrus
Encore balai, encore pinceau, avant le rayonnement, avant la calligraphie des ombres sur le mur.
Le matou affamé partage-t-il avec moi l’envie de communier avec ce que la plante nous offre de plus secret ? Avec la magie qui lui permet de faire surgir à loisir, limbes et racines ?
Je me sens si statique, figée dans mon entour de peaux. Rêver de revivre arbre afin de tendre un perchoir à l’oiseau !
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches…
(8 octobre 2020)