La lettre du lundi

Publié le par Monique MERABET

Ne ratez pas l'abeille...

Ne ratez pas l'abeille...

LA LETTRE DU LUNDI

 

 

Lettre au papier léger

recroquevillée dans la boîte

de l’hiver à l’été

 

Le premier bonheur de la lecture c’est d’être seule et de se sentir accompagnée en même temps. Un livre, une lettre, chabadabada…

La beauté vient de l’intérieur, de l’intériorisation des mots écrits à la main, plus spontanés, raturés parfois afin de préciser une pensée, de la ciseler, sans rien gommer de l’itinéraire suivi, d’une hésitation, d’une coquille…

J’aime tant ce côté artisanal de l’écriture : le texte inabouti, n’est pas passé par le laminoir des corrections (travail sur le style, éviter les redondances, etc.) ou du regard professionnel de l’éditeur. La lettre n’est pas destinée à être dispersée aux quatre vents. Les mots que je reçois n’appartiennent qu’à moi, ils ont été cousus pour moi, lectrice élue !

Déplier les feuillets — le papier le plus léger du monde — le lisser, écouter le froissement ténu, peut-être un grain de poussière d’ailleurs qui crisse ; et puis découvrir les nouvelles qu’on relira pour bien les enregistrer, lire parfois les non dits entre les lignes.

 

Bruissement des feuilles

sa lettre parle d’abeilles

de chez moi à chez moi

 

J’ai toujours préféré les mots aux images. Les mots sont accessibles par la vue, par l’ouïe, par le toucher (Braille) et établissent une communication directe incluant les malvoyants.

Les images sont indécodables sans la vision. On a beau intituler la photo… par exemple : chat dans l’herbe, l’interlocuteur ne saura pas s’il s’agit d’une prairie, d’une touffe d’herbe dans un pot… il ne devinera pas la couleur du chat, la hauteur de l’herbe, le mouvement de la tête, etc.

Et puis les mots écrits suivent le chemin du cœur. Savourer le supplément d’âme que l’encre leur imprime. Rien que pour le plaisir.

 

Le chat gris se love

dans les herbes assoupies

jour de canicule

 

(26 janvier 2021)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article