Ô marionnettiste!

Publié le par Monique MERABET

Ô marionnettiste!

Ô MARIONNETTISTE !

 

Montre silencieuse

sur la lumière des feuilles

la fourmi se hâte

Les mots courent sur la page

finir avant… avant quoi ?

 

Première date palindrome de l’année. À marquer d’un ciel bleu. Les nuages devraient arriver, cependant, tout couvrir puis se retirer soudain. Mouvement pendulaire au firmament de l’été, comme une vague lente, va-et-vient de paresseux et le ciel devenu vieux.

Les mots se pressent pour répondre à un défi, un de ces petits paris d’enfant sur un chemin monotone, une manière de jouer aux augures. Si je vois une auto rouge avant d’atteindre le bout de la rue… tout ira bien aujourd’hui. Si je finis ma page avant que sonne la demie…

Les fourmis ont toujours l’air de se hâter. Je ne voudrais pas être l’une d’elles ; j’ai plutôt le tempérament « chat étalé sur le carrelage par canicule ».

S’étirer. Se décharger sur le sol frais des pesanteurs du corps qui a trop chaud ; y creuser son empreinte imperceptible ; laisser l’âme siroter sa légèreté, son immobilité. En complète déconnexion de ces fils qui nous poussent à l’action.

Ô marionnettiste de Là-haut, ne t’endors-tu jamais ? ne peux-tu ralentir tes gestes de deus es machina triomphant, envahissant ?

Il suffirait de quelques nœuds par-ci, par-là. Oh ! Pas de ruban sophistiqué de Moebius, s’il te plaît ! Le souci de ne pas savoir le défaire agiterait davantage les petites fourmis grises de mon cerveau !

Non, un nœud simple, une rosette bien serrée, pas comme celle que mes doigts confectionne aux lacets de mes souliers, à ma ceinture et qui se relâche aussitôt.

Mes mains s’agitent malgré moi. Et j’entends susurrer « Fourmi tu es, fourmi tu resteras », « Souviens-toi que tu es fourmi »… autant d’adages aussi constrictifs.

 

Huit heures au clocher

combien de coups de maillet

voisin bricoleur ?

 

Le monde toujours à faire, défaire, refaire. Où sont les vacances calmes d’antan ?

 

(21 janvier 2021)

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