Passage d'éditrice
PASSAGE D’ÉDITRICE
Partout les gouttes
pour mes yeux
pour l’oiseau
L’oiseau venait de l’est, dans son erre l’écho d’une dénégation : non, là-bas non plus, il n’a pas rencontré le soleil.
Il n’ira pas plus loin que la portée de fils électriques qui traverse mon horizon ; pour attendre, il n’est pas nécessaire de se déplacer. La mer est proche — à vol d’oiseau — et le grand large ne le tente pas.
Son espérance est certitude : viendra l’heure où le soleil…
Pour l’instant, il peut faire provision de gouttes au balcon ou au creux des larges feuilles à l’effet lotus : baobab nain, philodendron, songe, fruit défendu… il n’en manque pas au jardin.
J’ai cueilli deux petites tomates, celles que m’ont laissées les bulbuls qui préfèrent les ripailles de baies dorées (liane poc-poc).
Mon chez moi devient de plus en plus friche, terrain vague qu’ensemencent les oiseaus et le vent.
Le vent, justement… Je bute sur ce premier vers d’un pantoun. Il doit inclure le mot « éolien ». Éolien, aérien, est-ce synonymes ?
Il ne me vient que : « Musique éolienne de la brise… » pour huit syllabes et une flopée de redondances !
C’est là le piège avec les métriques régulières, octosyllabes ou, pire, alexandrins : on fait du remplissage. Et la rime, en sus ! Au secours !
Ah ! j’aurai bien besoin d’une main secourable comme celle de l’éditrice haïkiste de L’iroli, il y a quelques jours (voir Le serpent du 2), elle a suggéré un allègement à mon quatrain :
Avant
Paille au bec, vers son nid, sans doute
Un oiseau prêt à décoller
Assise, à contempler les gouttes
Moi je ne songe qu’à buller
Après
Paille au bec, vers son nid, sans doute
Oiseau prêt à décoller
Assise, à contempler les gouttes
Moi je n’songe qu’à buller
Alternance octo/hepta syllabes, c’est tout de suite plus aérien. MERCI.
(14 janvier 2021)