Toute vie mérite un livre
TOUTE VIE MÉRITE UN LIVRE
Relire son journal
le trouver un jour apaisant
un jour agaçant…
Vendredi gris aux trouées de bleu. Hier soir, le ciel avait pris une teinte bizarre : quelque chose de sombre aux reflets quelque peu verdâtres. Et pis le rouge sang de la photo. Trucage ?
Une teinte peut en dissimuler une autre et j’observe souvent cette distorsion entre la couleur que je m’attends à voir et celle qui s’étale sur l’écran.
Ah ! Les nénuphars que je croyais bleus et qui apparaissaient mauves aux yeux de mon entourage (ou l’inverse ?), les crocus aussi !
Illusions dont on peut plaisanter en évoquant une vision de myope ou une pixellisation infidèle… Inutile d’avoir recours à la physique optique, cependant. Elle ne me donnera pas une explication satisfaisante.
Pas plus qu’elle n’éclaircira le mystère de ces visages qui s’imprègnent sur ma rétine derrière les paupières closes. Ils ne ressemblent à aucune des personnes que j’ai pu rencontrer… et pourtant, quelque chose de familier en émane. Personnages vus en rêve ou remontant à une lointaine galerie d’ancêtres inconnus ?
Qui sait si Censée Stanislas (qui figure en couverture de L’île du non retour), n’a pas fait partie du défilé, un jour ou l’autre ? Est-ce ainsi que Françoise la dessinatrice aurait fixé ses traits ?
Je ne sais pas si je le lui demanderai. Ces pensées si peu orthodoxes qu’on choisit de taire, que l’inconscient retient au bord des confidences…
Mais une conversation amicale n’est pas une mise à nu ; il est bon que chacun garde un peu de ses mystères et n’en laisse échapper quelques bribes qu’incidemment, en misouk, ou dans une page d’écriture.
Apparue en rêve
la sorcière au corps maïs
partie avant Peur
Pour une nuit, une seconde, posée sur cette page que je relirai un jour peut-être. Avec attendrissement, avec agacement, sans plus rien comprendre… Je n’aurais jamais la ferveur de cette vieille dame de 84 ans qu’une association « Traces de vie » a aidé à écrire le récit de sa vie : « Écrire ce livre a été un plaisir immense : je le lis et le relis, j’en ai besoin ».
(22 janvier 2021)