Ecorces vives
ÉCORCES VIVES
Chatons qui jouez
au tronc de l’avocatier
- vision intérieure
ce cri désarticulé -
mon enfer est-il le vôtre ?
Me mouvoir dans l’ombre du verger. Nuages au fuseau brodant le ciel, l’allégeant aussi…
Un gros nuage roux
se balade dans ma tête,
un gros nuage doux
comme un chat dodu
et rond, et rond
Extrait du poème chat-nuage écrit en 2006 et prophétique de l’invasion féline sur ma véranda. Taches mouvantes à grande vitesse… ils sont passés par ici, ils repasseront par là. Ils squattent mes pensées, m’empêchant de m’appesantir sur les soucis, sur l’impossibilité de m’en défaire, d’y changer quelque chose.
Sinon vivre à leur rythme insouciant. Les chatons sont toujours en Éden et ignorent les difficultés de connexion internet.
Revenir aux fondamentaux du jardin, du ciel. Mes référents. Ne pas les décrire. Juste les savoir là. Les habiter.
Ombres du jardin
m’émouvoir
des vies cachées là
M’émouvoir des murmures indistincts, de ce cri désarticulé, peut-être, qui s’ouvre au tronc du vieil arbre.
Tableaux d’écorces vives que j’ai enregistrés de quelques clics ; ils portent l’empreinte de mon désir de peindre. Mais je ne m’y ridiculiserais pas : le plus jeune enfant de Maternelle a davantage de talent que moi.
Je me conterai de me promener dans la mouvante galerie de feuillages, de troncs, de cheminements d’escargots, d’étincellements de toiles d’araignées, un chef-d’œuvre à chaque pas. Et le moindre brin d’herbe décline instant après instant des paysages insoupçonnés. Les observer, m’en réjouir puisque je dispose de mes yeux de chair, ceux du cœur et ceux de la souvenance.
Mine de rien
délier un nœud de mémoire
mon allure lente
(7 avril 2021)